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Les bulletins météo et le traitement éditorial de l'urgence climatique

Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo est au micro de la Médiatrice de Radio France, Emmanuelle Daviet, pour répondre aux remarques des auditeurs sur la météo et le climat.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
La sécheresse est sévère partout en France. Ici, l'étang d'Ingril, aux Aresquiers, à Frontignan dans Hérault. (ROMAIN BERCHET / RADIO FRANCE)

La sécheresse est actuellement l’un des grands sujets d’inquiétude. Les mois de décembre, janvier et février ont été marqués en France par une relative douceur et un déficit de neige et de pluie, avec d’ailleurs une séquence record de 32 jours sans pluie. Une situation alarmante qui, selon certains auditeurs qui nous écrivent, contrasterait avec le ton des bulletins météo. Voici quelques messages :

"Je suis dégoûté d’entendre des bulletins météo où la pluie est considérée comme une calamité. Ce mercredi matin sur franceinfo, j’ai entendu que les averses allaient 'épargner' les départements du Sud. C’est une honte de véhiculer encore des schémas pareils."

"Dans les séquences météo où vous utilisez le ton enjoué pour parler du soleil et un ton dépité pour annoncer la pluie alors qu’on vit une sécheresse historique. Sans être anxiogène, vous pourriez adapter votre champ lexical et le ton en fonction des épisodes climatiques en cours."

Emmanuelle Daviet : Des auditeurs demandent donc un changement de vocabulaire dans la présentation des bulletins météo. Que pensez-vous de cette suggestion ?

Florent Guyotat : Je suis venu avec quelques extraits sonores qui datent de cette semaine et de la fin de la semaine dernière. C’est Christine Pena notre présentatrice météo de la matinale, qui parle. Voici la preuve que nous faisons de gros efforts pour changer de vocabulaire en la matière :

"Progressivement, on va retrouver ces pluies généralisées sur tout le pays. Ça, c’est la très bonne nouvelle. Un temps enfin pluvieux qui se met en place, pluvieux et venteux. Sur deux jours, on pourrait atteindre les 40 mm, quasi l’équivalent de quinze jours de pluie sur la semaine. Puisque ça va durer toute la semaine, on gagnera un mois de pluie. Mais je n’ai pas une bonne nouvelle parce que, la semaine prochaine, on a une reconstitution de l’anticyclone, donc une semaine de nouveau sèche."

Vous avez bien entendu que le retour de l’anticyclone est assimilé à une mauvaise nouvelle. Au contraire, l’arrivée de la pluie est qualifiée de quelque chose de salvateur. C’est bien la preuve que nous faisons des efforts pour changer notre vocabulaire. Même si, je vous le concède, il peut y avoir encore quelques maladresses; il faut savoir qu'une quarantaine de bulletins météo sont diffusés chaque jour sur franceinfo. Et dans l’imaginaire collectif, c’est vrai que le mauvais temps, la grisaille, cela reste assimilé à quelque chose de morose. Mais vraiment, j’ai l’impression que nous faisons des efforts en la matière.

Depuis la rentrée, franceinfo est particulièrement mobilisée pour traiter les questions environnementales. La sécheresse actuelle plonge la France dans une situation de crise. Comment couvrez-vous cette actualité ?

On a un rendez-vous régulier sur franceinfo : deux fois par mois, nous délocalisons notre antenne avec cette émission qui s’appelle L’empreinte carbon(n)e animée par notre présentateur Frédéric Carbonne dans le 12/14. Nous essayons de mettre en valeur des initiatives pour mieux lutter contre le réchauffement climatique. Je peux d’ores et déjà vous dire que la semaine prochaine nous retournerons en Gironde, là où avaient eu lieu les incendies particulièrement meurtriers l'été dernier pour la végétation. Et nous essaierons de voir ce qui est fait en matière de lutte contre la déforestation et de bonnes pratiques. Par ailleurs, chaque jour dans nos bulletins météo, Christine Pena donne aussi des conseils aux auditeurs pour adapter leurs pratiques au quotidien. Ce sont les fameux écogestes du jour. Un exemple : 

"C’est le retour de la pluie. Pensez à récupérer ces eaux de pluie. Le bénéfice est double : faire des économies d’une part puisqu’on n’utilise pas le robinet et puis d’autre part, si les épisodes sont forts, vous allez limiter le risque d’inondation, surtout si on est très nombreux à récupérer les eaux de pluie."

C’est pour les gens qui ont la chance d’avoir une maison et un jardin, on l’a bien compris. Là encore, je trouve que cela montre que nous faisons des efforts pour conseiller tout simplement nos auditeurs.

Précisément, ces auditeurs estiment qu’il revient aux journalistes de sensibiliser le grand public, de faire prendre conscience de la gravité de la sécheresse en France. Considérez-vous que cela fait partie de vos missions ?

Notre mission principale, c’est d’établir un constat. Régulièrement, on se fait l’écho de l’ampleur du réchauffement climatique, avec des reportages et des chiffres qui sont donnés à l’antenne. Nous ne sommes pas des directeurs de conscience. Je vous le disais à l’instant, on livre des conseils à nos auditeurs. Après, libre à chacun ou pas d’adapter son comportement en conséquence.

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