Cet article date de plus de trois ans.

Le rendez-vous du Particulier. Les énergies vertes et les promesses des fournisseurs : il faut faire le tri

Les fournisseurs d'énergie abusent-ils du greenwashing, qu'on pourrait traduire par éco-blanchiment ? Une enquête du mensuel "Le Particulier" nous aide à y voir plus clair. Les énergies renouvelables ne sont pas toutes écologiques. 

Article rédigé par franceinfo, Jules de Kiss
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
D'où viennent vos énergies renouvelables ? Depuis 2017, vos fournisseurs doivent le stipuler dans les factures. Illustration (GETTY IMAGES / MOMENT RF)

Faire de l'écologie un argument marketing plus qu'autre chose, c'est l'enquête que signe Pascal Frasnetti, chef de rubrique conso pour le mensuel du groupe Figaro, Le Particulier. Les fournisseurs d'énergie rivalisent d'arguments pour tenter de nous faire signer un contrat. Il y a le prix et puis, et donc bien souvent, l'atout écologique !

franceinfo : Les énergies vertes qu'on nous promet sont-elles vraiment écologiques ?  

Pascal Frasnetti : Alors il ne faut pas se leurrer : ce n’est pas parce que vous achetez une offre verte de gaz ou d’électricité que vous achetez une production d’énergie d’origine renouvelable. Rappelons d’abord que le gaz comme l’électricité sont des énergies de réseau, donc vous ne pouvez pas connaître avec précision l’origine de ce que vous consommez à domicile. Et puis la production d’énergies vertes en France représente seulement 17,2 % de la consommation d’énergie en 2019 : donc il ne peut pas y en avoir pour tout le monde...

Pour autant, il ne s’agit pas de publicité mensongère de la part des fournisseurs : pour gagner le droit d’afficher son offre d’énergie comme verte, ils doivent acheter ce qu’on appelle des garanties d’origine, qui sont des certificats électroniques qui prouvent qu’une certaine quantité d’énergie produite à partir de sources renouvelables a été injectée dans le réseau. Le fournisseur doit donc acheter une quantité de garanties d’origine égale à la consommation annuelle de ses clients, en offres vertes. Ces certificats ne coûtent pas cher en électricité, moins de 1 euro par mégawatt-heure, beaucoup plus cher dans le gaz : autour de 12 euros par mégawatt-heure, ce qui explique que les offres vertes soient si nombreuses en électricité et si rares sur le marché du gaz.  

En revanche, une fois qu’ils ont acquis ces certificats, les fournisseurs sont libres d’acheter l’énergie où ils veulent ?  

C’est bien ça ! Ils peuvent jouer le jeu d’une offre verte en proposant du biométhane en gaz, donc un gaz issu de la dégradation de matières organiques, mais là encore, ça coûte beaucoup plus cher que le gaz naturel classique : on va alors largement doubler la facture.

Même chose en électricité, où les fournisseurs peuvent s’approvisionner à prix d’or auprès de producteurs d’énergies renouvelables, il faut alors compter 25 à 30% de plus sur sa facture, ou bien acheter la production nucléaire française à un prix beaucoup plus faible.  

Est-il normal de retrouver du nucléaire dans une offre verte
d’électricité ?

  Les avis sont partagés : les fournisseurs qui achètent directement leur production auprès de producteurs d’énergies renouvelables - essentiellement des barrages hydrauliques - considèrent qu’en effet il ne devrait pas y avoir de nucléaire dans une offre verte. Tandis que pour d’autres, l’accès à une électricité nucléaire pas chère est un dû aux Français qui ont largement financé le parc nucléaire existant et refusent de les priver de cette manne.  

Au final, ces offres contribuent-elles au développement des énergies renouvelables ?  

Pas toutes malheureusement. Il existe plusieurs moyens pour les fournisseurs de favoriser la transition énergétique : ils peuvent par exemple produire eux-mêmes une énergie verte en finançant des barrages, des projets photovoltaïques ou éoliens. Ils peuvent aussi acheter une énergie renouvelable directement à des petits producteurs, par exemple en signant des contrats d’approvisionnement très longue durée, soit jusqu’à 25 ou 30 ans, ce qui va favoriser la croissance du producteur. Alors bien sûr, ce type de contrat coûte beaucoup plus cher que d’acheter de l’électricité d’origine nucléaire.

Enfin, le dernier moyen, c’est d’acheter la garantie d’origine à un producteur français : la majorité de ces garanties sont émises par des producteurs européens - un tiers des garanties viennent notamment de Norvège - et si votre fournisseur achète ce type de garanties très peu chères, il paye pour des installations anciennes déjà largement rentabilisées. D’autres fournisseurs en revanche, achètent ces garanties auprès de petits producteurs français qui ont des projets de nouvelles installations : c’est plus cher mais cela participe pleinement à la transition énergétique.  

Alors comment savoir d'ou vient l'énergie que l'on consomme
chez soi ?

Pour s’informer, il faut tout d’abord regarder sa facture : depuis 2017, les fournisseurs doivent y indiquer leurs sources d’approvisionnement. Et puis les clients peuvent se renseigner sur le comparateur officiel des offres d’énergie, piloté par le médiateur national de l’Energie, sur energie-info.fr. Les fournisseurs ont l’obligation d’y indiquer plusieurs informations : la proportion d’énergie verte contenue dans leur offre, son pays d’origine ainsi que s’ils s’approvisionnent directement auprès de producteurs d’énergie renouvelable et même la provenance des garanties d’origine.  

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