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Le sens des mots. "Ok boomer", une expression qui creuse un fossé générationnel

Tout l'été sur franceinfo, Marina Cabiten et la sémiologue Mariette Darrigrand s’arrêtent sur les termes qui ont marqué l’actualité de l’année écoulée. Aujourd'hui, l'expression "ok boomer".

Article rédigé par franceinfo, Marina Cabiten
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'expression "ok boomer" est inscrite sur une pancarte lors des manifestations contre la réforme des retraites en décembre 2019. (SÉBASTIEN MUYLAERT / MAXPPP)

"Ok boomer", que l'on peut traduire par "C'est ça, le vieux, cause toujours". Une expression qui illustre la place grandissante qu'internet prend dans notre langage familier.

On l'a pour la première fois entendu sur internet en 2018, puis "Ok boomer" a décollé en 2019 notamment via l’application TikTok très utilisée par les jeunes du monde entier. Jusqu’à cette scène assez incroyable en novembre dernier au Parlement néo-zélandais : une députée de 25 ans évoque un projet de loi zéro carbone quand un autre élu fait un commentaire sur son âge, remarque à laquelle elle répond aussi sec "Ok boomer"

Franceinfo : Mariette Darrigrand, vous êtes sémiologue spécialisée dans l'analyse du discours médiatique et dirigeante du cabinet Des faits et des signes. L'expression symbolise un fossé générationnel, n'est-ce pas ?

Mariette Darrigrand : Bien sûr, les "boomers" dont on parle ici ce sont les baby-boomers, nés après la Seconde Guerre mondiale et jusque dans les années 1960, c’est-à-dire dans une période d’explosion, de boom de la natalité. C'était aussi un boom économique et un boom de la société de consommation. Ce n’est pas anodin que la scène du Parlement néo-zélandais se déroule en plein débat sur la crise climatique. Ça fait partie des sujets sur lesquels les jeunes et les baby-boomers ont souvent une vision très différente.

Dans cet "Ok boomer", il faut entendre un reproche des jeunes envers ceux qui leur ont laissé le monde d’aujourd’hui. Les boomers se font traiter d’enfants gâtés. Il y a tout un lexique des générations depuis quelques temps : génération X, génération Y (les millennials), génération Z…

Oui, mais attention à l’importance qu’on peut leur donner. En fait, ces termes ne viennent pas de sociologues ayant étudié longuement les différences générationnelles. Ce sont des populations marketing : des cibles en fonction des classes d’âge car on n’a pas les mêmes envies à 18 ans, à 30 ans ou à 50 ans. On voit bien que ce sont plutôt les étapes de la vie (premier emploi, premier enfant, retraite) qui créent ces groupes et leurs appellations, plus que la période à laquelle les gens sont nés.

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