Chute de Bachar al-Assad : plus de 30 élus français, en majorité LR, se sont rendus en Syrie entre 2014 et 2021
Le sujet fait polémique en France depuis la chute du régime syrien, dimanche 8 décembre, chassé du pouvoir par les rebelles menés par le mouvement islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Plusieurs personnalités politiques ont été épinglées par les internautes ou par leurs opposants qui les accusent d'avoir soutenu le dictateur syrien Bachar al-Assad dans le passé. Ainsi, le député européen Rassemblement national Thierry Mariani et le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon sont régulièrement pointés du doigt.
Cette polémique a donné lieu à des invectives entre LFI et le RN. Mardi 10 décembre, le député LFI Antoine Léaument a publié sur X une photo d'Andréa Kotarac, ex-LFI et membre du cabinet de Marine Le Pen, porte-parole du RN, aux côtés de Bachar al-Assad. "Un journaliste compte-t-il demander à Madame Le Pen ce qu'il est allé faire en Syrie avec Bachar al-Assad ?", s'interroge-t-il. Andréa Kotarac lui a alors répondu : "Est-ce que quelqu'un d'intelligent peut rappeler à Antoine Léaument que lorsque je me rends en Syrie la première fois en 2018, je suis élu et mandaté par la France insoumise ?"
Aucune preuve d'un mandat
S'en suivent encore plusieurs dénégations et railleries des deux côtés, jusqu'à l'interview de Manuel Bompard, le coordinateur de la France insoumise, dans le 8h30 de franceinfo mercredi 11 décembre, pendant laquelle il a qualifié Andréa Kotarac de "menteur". "Personne n'a jamais été mandaté pour se rendre en Syrie. Évidemment que c'est de la diffamation. Personne n'a jamais été mandaté à la France insoumise", a-t-il martelé à l'antenne.
Il n'existe aucune preuve d'un mandat qui aurait ou qui n'aurait pas été donné par la France insoumise à Andréa Kotarac en 2018. Si l'on en revient au fait, on note que lorsque cet homme s'est rendu pour la première fois en Syrie, il était conseiller régional de la France insoumise en Auvergne-Rhône-Alpes. Il avait été élu en 2015 et est resté en poste jusqu'à sa démission en 2019. En revanche, pendant ce voyage, il n'avait pas rencontré Bachar al-Assad. Il faut aussi souligné qu'à l'époque il avait déjà commencé se rapprocher des idées du Rassemblement national, qu'il a rejoint quelques mois plus tard.
Trente-deux élus français sont allés en Syrie
Au total, 32 élus français sont allés en Syrie entre 2014 et 2021 selon Syrie Factuel, un collectif citoyen engagé dans la lutte contre la désinformation sur la Syrie, qui a fait un recensement sourcé de tous ces voyages dans un tableau consultable en ligne. Plus de la moitié de ces élus sont des membres du parti Les Républicains, comme l'ex-député Nicolas Dhuicq qui y est allé trois fois, ou encore comme le député Xavier Breton et la sénatrice Valérie Boyer, quand elle était aussi élue à l'Assemblée nationale.
Thierry Mariani est la personnalité politique qui est le plus allée en Syrie avec sept voyages qu'il a lui-même organisé, notamment au départ en tant que secrétaire du groupe d'étude sur les Chrétiens d'Orient à l'Assemblée, quand il était encore député Les Républicains. Il a continué à y aller après avoir rejoint les rangs du RN en 2019. Au total, sept représentants de ce parti se sont rendus en Syrie entre 2014 et 2021.
Par ailleurs, un élu centriste y est allé, Jean Lassale, et quelques élus socialistes, dont Gérard Bapt qui président le groupe d'amitié France-Syrie à l'Assemblée et qui s'y est rendu six fois. En revanche, aucun élu Renaissance, aucun écologiste, aucun communiste ni aucun autre élu insoumis n'y est allé, selon Syrie Factuel.
Vingt élus français ont rencontré Bachar al-Assad
Néanmoins, parmi ces 32 élus, tous n'ont pas rencontré Bachar al-Assad. Seulement 20 ont rencontré le dictateur syrien, à nouveau en majorité des élus de droite. Thierry Mariani l'a rencontré lors de six visites sur sept. Nicolas Dhuicq l'a vu lors de ses trois voyages. Andréa Kotarac l'a vu lors de ses deux déplacements les plus récents, en 2019 et 2021, avec Thierry Mariani.
Les autres élus ont rencontré des membres du gouvernement, de l'Assemblée syrienne, d'autres personnalités politiques ou des religieux, notamment des Chrétiens d'Orient.
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