Existe-il une "cagnotte" suffisante pour financer le déficit des retraites dans le système actuel ?
Dans les débats sur la réforme des retraites, certains hommes politiques et économistes évoquent une "cagnotte" qui permettrait de repousser, voire d'annuler la réforme. Mais ce n'est pas si simple.
L’existence du Fonds de réserve des retraites est régulièrement mis en avant dans le débat sur la réforme des retraites. L’économiste Gilles Raveaud avait notamment expliqué sur BFM Business qu’une cagnotte de 150 milliards d’euros était disponible et pouvait servir à financer les retraites. Ce n’est pas tout à fait vrai. La Cellule Vrai du faux vous explique pourquoi.
Un fonds dédié, pour atténuer le "papy-boom"
Le Fonds de réserve des retraites est créé en 2001, alors que Lionel Jospin est Premier ministre. Il doit "contribuer au financement à long terme du système français de retraites par répartition", explique son premier rapport d’activité en 2003, année de sa mise en fonctionnement. Il est alors doté de 16,45 milliards d’euros, provenant notamment des excédents de la Cnav (la Caisse nationale d’assurance vieillesse). Le Fonds doit "mettre en réserve, et faire fructifier d'ici 2020 un volume significatif de ressources" et le débloquer progressivement à partir de 2020 pour atténuer les effets du "papy-boom", c'est-à-dire les départs massifs à la retraite des générations issues du "baby-boom".
Seulement cinq ans de "réserves" au maximum
Au 31 décembre 2018, le Fonds de réserve des retraites réunit 32,6 milliards d’euros. Une somme qui semble conséquente, mais qu’il faut mettre en perspective. En 2018, le budget des retraites atteignait 324,9 milliards d’euros et selon un rapport du COR (Conseil d'orientation des retraites), le déficit du système actuel s’établirait entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros en 2025. Dans cette perspective, le FFR ne permettrait de compenser ce déficit que pendant deux à cinq ans.
Les autres "cagnottes"
L’économiste Gilles Raveaud n’évoque pas seulement le Fonds de réserve des retraites, il conseille aussi d’utiliser les réserves des régimes complémentaires, qui représentaient plus de 126 milliards d’euros fin 2017. Mais ces caisses particulières (celles des salariés du privé Agirc-Arrco, des avocats, des agriculteurs…), dont l’équilibre financier est assuré jusqu’à 2030, n’avaient pas vocation à être basculées sur le régime général.
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