Florian Philippot dit-il vrai sur le coût de l'aide européenne à Chypre pour les contribuables français ?
Faux !
D'abord, tentons de comprendre comment Florian Philippot en arrive à ce chiffre de deux milliards d'euros.
De toute évidence, le numéro deux du Front national prend le montant de l'aide à Chypre (dix milliards d'euros). Ensuite, il affirme que le Mécanisme européen de stabilité est l'unique fournisseur de ces dix milliards. Et il constate que la France contribue pour 20% au Mécanisme européen de stabilité.
Résultat : 20% de dix milliards = deux milliards d'euros à payer par les Français. Imparable à première vue, mais simpliste, car les choses sont plus compliquées que cela.
Pas si simple
D'abord parce que le Mécanisme de stabilité ne sera l'unique pourvoyeur de cette aide. Il y aura aussi le FMI, même si on ne connait pas encore la répartition de l'effort entre les deux institutions.
Ensuite, en revenant sur la nature du mécanisme, on comprend que les choses sont moins évidentes que le raisonnement de Florian Philippot. Nicolas-Jean Bréhon, spécialiste du budget européen, économiste auprès de la fondation Robert Schuman, rappelle que "tous les Etats (de la zone euro) participent au pot commun. Ce mécanisme, dés lors que chaque Etat finance une partie du capital du MES, la masse collectée est telle que cela permet au Mécanisme européen de stabilité d'emprunter des sommes extrêmement importantes et de prêter des sommes extrêmement importantes. C'est ce qu'on appelle l'effet de levier" .
Le mécanisme prête aux pays en difficulté à des taux qu'ils ne pourraient jamais obtenir seuls sur le marchés. Il peut prêter jusqu'à 500 milliards d'euros au total.
Capital
Dans le cas qui nous intéresse, les dix milliards d'euros d'aide à Chypre ne proviennent pas du capital du Mécanisme de stabilité mais de l'argent emprunté par lui. Le capital est là comme garantie pour rassurer les marchés financiers.
Reste qu'il faut bien constituer ce capital, ce qui coutera au total à la France 16 milliards d'euros, versés en plusieurs fois. C'est beaucoup plus que les deux milliards évoqués par Florian Philippot certes. Mais cet argent sert à l'ensemble de l'activité du Mécanisme de stabilité et pas uniquement à la crise chypriote, loin de là.
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