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Hôpitaux : les médecins étrangers représentent 20 à 35 % des effectifs ?

Cette affirmation est signée de Bernard Debré, député UMP de Paris et urologue. La première partie est vraie, une fois la sémantique précisée, le deuxième chiffre est exagéré. Et la question est délicate, car tous les chiffres peuvent être instrumentalisés.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Bernard Debré dit-il vrai sur le nombre de médecins étrangers à l'hôpital ? © MAXPPP)

"Les hôpitaux, ils ont de vrais problèmes de recrutement. Il n'y a plus de médecins français, il y a entre 20 et 35 % de médecins étrangers ". La phrase, prononcée par Bernard Debré sur France Info ce lundi, est claire mais trop exagérée. Passons sur le trop définitif "il n'y a plus de médecins français " pour nous attarder sur la proportion de médecins "étrangers " donnée par celui qui est également urologue. Dans cette fourchette, nous sommes en effet bien plus proches de 20 que de 35 %.

Il y a d'abord une question sémantique à évacuer. En général, l'expression raccourcie "médecins étrangers" signifie les praticiens qui ont obtenu leur diplôme à l'étranger. CQFD. Mais les syndicats, eux, exceptent de cette catégorie ceux qui ont été diplômés dans l'Union européenne, considérés comme communautaires. Mais partons du principe que Bernard Debré parlait de ces deux catégories réunies, pour effectuer nos calculs.

Les médecins étrangers comblent-ils des vides ?

D'après les chiffres fournis par le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), il y a en France un peu moins de 200.000 médecins. Parmi eux, 19.044 ont obtenu leur diplôme à l'étranger et exercent une activité régulière. Si l'on dresse une sous-catégorie, on constate que 13.000 de ces "médecins étrangers" ont choisi d'exercer à l'hôpital, sur le chiffre total de 71.000. On aboutit ainsi à cette constatation : un peu moins de 20 % des médecins exerçant à l'hôpital ont obtenu leur diplôme à l'étranger. De fait, ce n'est donc pas 35 %.

Arrivés principalement de Roumanie, Algérie, Belgique ou encore de Syrie, ces médecins choisissent généralement massivement d'exercer à l'hôpital, alors que les Français se dirigent plutôt vers une activité libérale. Ainsi, on ne peut pas vraiment dire que les "étrangers" prennent la place de médecins français.

Sources

Atlas de la démographie médicale en France , 2014, un rapport du Cnom

Les flux migratoires et trajectoires des médecins , 2014, un rapport du Cnom

L'Observatoire européen de la démographie médicale

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