Jean-Marc Ayrault dit-il vrai sur les 300.000 emplois créés par son plan ?
Il est bien difficile de répondre à cette question, mais il n'est pas interdit de tenter de comprendre comment on en arrive à ce chiffre.
Rappel
On peut se souvenir qu'il y a un an jour pour jour, Manuel Valls, alors candidat à la primaire socialiste, publiait une tribune dans les Echos dans laquelle il affirmait que la TVA sociale qu'il soutenait pourrait créer 300.000 emplois. A l'époque, tous les autres candidats à la primaire étaient contre lui.
A la louche ?
Cette parenthèse politique fermée, il faut savoir que certains économistes considèrent que le chiffre avancé par Jean-Marc Ayrault "sort du chapeau" . C'est le cas de Christian Saint-Etienne, professeur au Conservatoire national des arts et métiers. "Les entreprises ne savent même pas comment ça fonctionnera" , dit-il. Pour lui, il y aura certes "des effets positif en terme de trésorerie" , mais ajoute Christian Saint-Etienne, "il n'y aura aucun effet en 2013".
Ordinateurs de Bercy
D'autres économistes sont moins expéditifs et estiment que si le chiffre de 300.000 ou 400.000 emplois est avancé, c'est que le gouvernement a fait tourner ses ordinateurs avant de lancer son dispositif. Philippe Askenazy, économiste au CNRS, explique que "Bercy dispose de gros modèles de l'économie française [...] de centaines d'équations qui essaient de rendre compte du fonctionnement de notre économie. Avec ce type de modèles, d'outils, on peut tester l'impact d'une politique publique".
Marges d'erreurs
Mais il ajoute que "plus cette politique est novatrice ou importante, moins ces modèles sont fiables [...] Lorsque l'on a comme aujourd'hui un dispositif où on touche à la fois la TVA et l'impôt sur les sociétés, on est sur un dispositif très complexe et sur lequel on a des marges d'erreurs très importantes".
Exemple des 35 heures
En la matière, Philippe Askenazy rappelle l'exemple du lancement de 35 heures à la fin des années 90. Un test avait alors été effectué. Selon les paramètres du modèle, on pouvait avoir 500.000 emplois détruits comme un million créés. Le gouvernement Jospin avait retenu l'hypothèse la plus optimiste. Au final, on estime que 300.000 emplois été créés par les 35 heures.
Les promesses du patronat en 1986
Enfin dans un tout autre genre, pour illustrer la fragilité d'un chiffre annoncé, il y a l'exemple de l'autorisation administrative de licenciement dans les années 80. Le patronat réclamait sa suppression à cor et à cri en promettant la création de 370.000 emplois. En 1986, Philipe Seguin, ministre du Travail fait voter une loi qui supprime l'autorisation administrative de licenciement. Résultat, aucun emploi créé, de l'aveu même du député UMP d'Etienne Pinte, proche de Philippe Séguin, et rapporteur de la loi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.