"La délinquance s'est aggravée depuis 2012" ?
Faux car Brice Hortefeux ne peut pas l'affirmer.
L'ancien ministre de l'Intérieur s'appuie sur les chiffres de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales pour affirmer que la délinquance s'est aggravée. Et lorsqu'on regarde les chiffres du dernier bulletin statistique publié par cet observatoire, on observe bien une augmentation du nombre d'atteintes volontaires à l'intégrité physique et pour les escroqueries et infractions économiques et financières. Par contre, les atteintes aux biens baissent, contrairement à ce qu'affirme l'ancien ministre de l'Intérieur.
Des chiffres peu fiables
Mais il faut parfois aller au-delà des chiffres... En l'occurrence, l'Observatoire explique que ses propres chiffres ne sont pas fiables et "invite donc chacun à la plus grande prudence dans l’exploitation des données sur la délinquance enregistrée ". La raison ? Les outils utilisés pour enregistrer les procédures ont changé en 2012 en zone gendarmerie et de 2013 à 2015 pour la police. En clair : "un certain nombre de séries statistiques sur les faits constatés ont connu avec une très forte probabilité une rupture de continuité, rendant invalides les comparaisons dans le temps ".
Parmi les faits constatés qui sont le susceptibles d'avoir subi ces "ruptures statistiques", on trouve notamment les vols à la roulotte, les vols simples contre les particuliers ou encore la falsification et usages de chèques volés. Or ces délits sont aussi parmi les plus nombreux.
Délinquance signalée... mais pas commise
Impossible donc d'affirmer que la délinquance s'est réellement aggravée en France sur les trois dernières années. D'autant que ces chiffres ne montrent que les faits enregistrés par les policiers et les gendarmes. Ce qui ne couvre donc pas l'ensemble de la délinquance en France. Une hausse ou une baisse du nombre de plainte pour vol ne veut pas forcément dire qu'il y a plus de vols.
Ces derniers mois, le gouvernement a lancé un vaste plan de communication contre le harcèlement dans les transports en commun. Une campagne qui invite notamment les victimes à "ne pas hésiter à déposer plainte". "Il serait dès lors totalement absurde d’interpréter une hausse des plaintes pour menaces ou violences, suscitée par la campagne de lutte évoquée, comme une augmentation des atteintes aux personnes", note l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales dans son dernier rapport annuel.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.