"Le tabac coûte 100 milliards d'euros à la communauté nationale"
Marisol Touraine est donc formelle. Au micro de BFMTV, la ministre de la Santé affirmait le 13 novembre dernier que le tabac "coût 50 millirads d'euros à la Sécurité sociale et plus de 100 milliards à la communauté nationale". Pourtant, un an plus tôt, la ministre n'avait pas les mêmes chiffres : "18 milliards d'euros à la Sécurité sociale et 45 milliards d'euros pour l'ensemble du coût social du tabac".
Comment on est passé de 45 à 100 milliards d'euros ?
Une mise au point d'abord : le coût social du tabac n'a pas doublé en France en l'espace d'un an. Il s'agit en fait d'un exemple typique qu'il faut se méfier des chiffres cités sans être contextualisés. Le chiffre avancé par Marisol Touraine en 2014 vient d'une étude de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanie publiée en 2006 sur la base de chiffres remontant au début des années 2000.
Or, l'OFDT vient de faire paraître une nouvelle étude en septembre dernier sur la question. La ministre de la Santé a donc simplement actualisé ses fiches.
Malgré tout, le coût social du tabac a été multiplié par trois entre 2006 et cette année. Mais "l’explication de cette envolée du coût social des drogues n’est pas la conséquence d’une augmentation de consommation et d’une politique publique inefficace", expliquent les auteurs de la publication de 2015.
Différences de calculs entre 2006 et 2015
Les chercheurs l'expliquent pour des raisons méthodologiques. En 2006, on estimait que 42.000 personnes mourraient prématurément du tabac, contre 79.000 aujourd'hui. Une différence liée essentiellement à "une meilleure prise en compte des causes de décès et notamment des décès pour les maladies cardiovasculaires et les cancers engendrés par le tabac".
Les deux études (2006 et 2015) varient également dans leur méthode de calcul de la valeur de la vie humaine. La plus récente prend par exemple en compte "la perte de la qualité de vie", contrairement à celle de 2006.
Bref, l'augmentation spectaculaire du coût social du tabac s'explique par "l'amélioration de nos connaissances épidémiologiques et par les modifications des paramètres de calculs et pas un changement négatif maheur du paysage des drogues en France".
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