Le vrai du faux. L'Allemagne est-elle responsable du pic de pollution ?
C'est une petite musique que l'on entend depuis quelques jours : les centrales au charbon allemandes sont plus responsables de la pollution aux particules fines que les automobilistes franciliens. Largement exagéré.
Depuis le début de l'alerte aux particules fines sur la région parisienne et plusieurs villes françaises, il y a un message qui revient très régulièrement sur les réseaux sociaux : l'Allemagne serait la grande responsable de cet épisode. C'est notamment ce qu'affirme, carte à l'appui, cet internaute.
Pourquoi aucun média ne parle de "l'éléphant dans la pièce" à l'origine de cette vague de pollution: les centrales à charbon allemandes? pic.twitter.com/Dz7cIzapmN
— Nicolas Meilhan (@NicolasMeilhan) 7 décembre 2016
Une carte à lire avec précaution
L'inquiétante carte ci-dessus vient du site Prev'air, la plate-forme de prévision de la qualité de l'air pilotée par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques. Mais il faut se méfier de son utilisation.
D'abord, elle ne montre pas l'origine des particules mais leur concentration. Ensuite, il s'agit d'une prévision de pollution sur une journée, celle du 7 décembre.
Par ailleurs, la panache rouge montre les niveaux attendus de particules PM2.5 quand ce sont les PM10 qui expliquent le déclenchement de l'alerte à la pollution de l'air d'après Prev'air.
Une pic de pollution surtout liée aux conditions météo
De fait, les analystes de Prev'air ou encore d'Airparif sont formels : le problème vient surtout des conditions météo, avec des températures basses et une situation anticyclonique stable avec des vents faibles.
"Cette situation est propice à l’augmentation des émissions locales induites par le chauffage et limite les processus de dispersion atmosphérique des polluants émis par les sources urbaines (chauffage, trafic routier) et industrielles", explique le dernier communiqué de Prev'air.
En clair : l'épisode de pollution actuel n'est pas vraiment lié "à des transferts de pollution, mais plutôt à une accumulation de la pollution dans les villes", précise Airparif. Les centrales allemandes ne sont donc pas les principales responsables de ce pic de pollution.
Pollution locale ou pollution importée ?
Au-delà de cet épisode précis, la pollution de l'air ne s'arrête évidemment pas aux frontières nationales. En cas de vent d'Est ou Nord-Est, l'import de particules est effectivement un problème puisque "les émissions dans le secteur nord-est sont très importantes en raison de l'impact du Benelux et d'une partie de l'Allemagne", comme le souligne Airparif dans une étude publiée en 2011. Ceci dit, les vents du Sud-Ouest sont deux fois plus fréquents sur l'Ile-de-France.
L'étude d'Airparif relève par ailleurs qu'en moyenne anuelle les importations représentent les deux tiers des particules fines sur l'Ile-de-France, le reste étant produit localement (la tendance s'inverse près du périphérique parisien avec 60% pour le local et 40% pour l'import). Précision : cet import concerne des particules provenant des régions voisines comme d'autres pays.
Mais en dehors de cette pollution moyenne, l'étude se penche également sur les journées de dépassements des seuils de particules fines. Lors de leurs observations, les auteurs expliquent que certains dépassements étaient liés à "conditions météorologiques très peu dispersives pendant quelques jours [qui] ont contribué à augmenter la production locale des PM à l'échelle de l'Ile-de-France". Soit exactement ce que soulignent à la fois Airparif et Prev'air pour le pic de pollution actuel.
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