Le vrai du faux. Les 21 000 fermetures de lits d'hôpitaux entre 2016 et 2021 en France sont-elles "temporaires", comme l'affirme Olivier Véran ?
Alors que les services d'urgences pédiatriques sont débordés par l'épidémie de bronchiolite, le ministre de la Santé François Braun a annoncé une aide de 400 milions d'euros pour l'hôpital. Selon un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Dress), il y a eu 21 000 fermetures de lits d'hôpital entre 2016 et 2021. Mais selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, ces lits vont rouvrir à terme. "Lorsque vous n'avez plus assez de médecins ou d'infirmières pour faire fonctionner des services entiers, vous êtes amenés à des fermetures en général temporaires, le temps de recruter, affirme-t-il. C'est ce que vous retrouvez dans ce chiffre."
Cette affirmation est en réalité plutôt fausse. Le rapport de la Drees parle bien de "contraintes de personnel ne permettant pas de maintenir les lits" . Mais ce n'est pas tout. Ce document, publié en septembre dernier, évoque aussi ce qu'on appelle le "virage ambulatoire". C'est une grande réorganisation de l'hôpital dans laquelle on privilégie les hospitalisations de jour. Le patient se rend à l'hôpital la journée, il reçoit ses soins puis il rentre chez lui le soir. Il n'a donc pas besoin de rester dormir sur place et il n'occupe pas de lit. Dans le cadre de ce virage ambulatoire, les lits sont donc fermés pour de bon et pas seulement temporairement comme le dit Olivier Véran.
Plus d'hospitalisations de jour, et donc moins de lits
Et c'est une tendance de fond selon le rapport de la Drees. Sur la même période 2016-2021, il y a eu 9 000 créations de place d'hospitalisation de jour, notamment en chirurgie, dont près de 3 000 pour la seule année 2021. En fait, la médecine a progressé en France. La Drees évoque notamment des innovations sur l'anesthésie qui permettent aux patients de rentrer directement chez eux après une opération. D'ailleurs, selon Christèle Gras-Le Guen, présidente de la société française de pédiatrie et chef des urgences pédiatriques de Nantes, l'objectif du virage ambulatoire au départ, était d'améliorer la qualité de soin du patient. Mais pour elle, on a poussé la logique trop loin ...
Et c'est ce qu'on voit avec dans l'actuelle épidémie de bronchiolite. D'après Christèle Gras-Le Guen, il y a des soins qui doivent nécessairement s'effectuer en hospitalisation complète, avec un suivi médical de jour comme de nuit. C'est le cas des jeunes patients atteints de bronchiolite. Et selon la chef des urgences pédiatriques de Nantes, ce qui manque en ce moment dans les services comme le sien, ce sont justement des lits.
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