Le vrai du faux. Oui, il y a bien "60 000 chômeurs de plus toutes catégories confondues" par rapport à mai 2017
Aurélien Accart passe au crible un fait repéré dans les médias et sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, l'affirmation de l'eurodéputé RN Jordan Bardella, qui affirme qu'il y a "60 000 demandeurs d'emploi de plus" depuis l'élection d'Emmanuel Macron.
Selon le député européen du Rassemblement National Jordan Bardella, la réforme proposée mardi 18 juin par le gouvernement concernant l'assurance-chômage vise surtout à "rayer des listes un certain nombre de chômeurs, parce qu'on n'arrive pas à faire baisser le chômage". Et le jeune élu d'ajouter que le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté depuis le début du quinquennat.
J'ai regardé les chiffres du chômage depuis l'élection d'Emmanuel Macron: c'est 60 000 demandeurs d'emploi supplémentaires, toutes catégories confondues
Jordan Bardellasur franceinfo
Et c'est vrai, on trouve bien ce chiffre sur le site de Pôle Emploi. C'est d'ailleurs assez malin, de la part de Jordan Bardella, d'être allé chercher ce chiffre-là précisément, parce que ce n'est pas le plus utilisé. Et pour cause, l'eurodéputé du RN s'appuie en fait sur les données brutes de Pôle Emploi. En soustrayant du nombre de demandeurs d'emplois en avril 2019 le chiffre de mai 2017, qui correspond à la date d'entrée à l'Élysée d'Emmanuel Macron, on trouve bien 61 960 demandeurs d'emploi de plus. Jordan Bardella a donc raison.
Mais ce chiffre est un peu exagéré. Et le même calcul, mené sur les chiffres corrigés de Pôle Emploi (qui prennent en compte les variations saisonnières et celle des jours ouvrés) donne un total de 42 600 demandeurs d'emplois supplémentaires. Une hausse plus modeste que celle avancée par Jordan Bardella, mais une hausse tout de même.
La plupart du temps, on parle seulement de la catégorie A
Le problème, et Jordan Bardella ne s'en cache pas d'ailleurs, c'est qu'il s'agit du nombre de demandeurs d'emplois "toutes catégories confondues". Cela veut dire que cette évolution regroupe les demandeurs d'emplois des catégories A (ceux qui n'ont pas eu du tout de travail), mais aussi B et C (ceux qui ont eu, dans le mois, une activité réduite, en CDD ou en intérim). Un total qui ne prend pas en compte, en revanche, les demandeurs d'emploi en formation ou en arrêt maladie (catégorie D), ni ceux en contrat aidés ou en train de créer une entreprise (catégorie E). Et la plupart du temps, quand on parle du chômage, on met en avant uniquement les chômeurs de la catégorie A.
Un choix qui fait débat, car il est vrai que cela revient à masquer une partie de la réalité, et de la précarité. Mais en appliquant le même calcul à la catégorie A, on obtient un chiffre radicalement différent : il y a 120 000 demandeurs d'emploi n'ayant exercé aucune activité de moins depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée.
Un taux de chômage qui baisse, selon l'Insee
Alors comment trancher ? Pour établir une comparaison entre deux dates, distantes de deux ans, le mieux est de se fier à l'autre indicateur officiel du chômage, en France. Le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT), calculé par l'INSEE. Il utilise des critères différents, et c'est le seul qui permet de faire des comparaisons internationales.
Ce taux de chômage est actuellement de 8,7% de la population active, au plus bas depuis 2009. Ce même taux de chômage était de 9,5% au deuxième trimestre 2017, au début du quinquennat d'Emmanuel Macron. Soit une baisse de 0,8%. Un chiffre qui apparaît plus fiable, parce qu'au contraire du nombre d'inscrits à Pôle Emploi, il tient compte de l'augmentation de la population active en France. Une population active, qui selon les estimations de l'Insee, devrait passer de 29,2 millions en 2016 à 29,6 millions en 2020.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.