Les taux de dioxine relevés près de Rouen après l'incendie de Lubrizol sont-ils "en-dessous des seuils admis de toxicité" ?
Des taux de dioxine "plus importants que la normale" mais "en-dessous des seuils de toxicité" ont été relevés le jour de l'incendie de l'usine Lubrizol à Préaux, près de Rouen, a indiqué sur franceinfo la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. C'est vrai mais ce n'est pas forcément significatif en soi.
Les premiers résultats d'analyses sur la détection de dioxines dans l'air réalisées sous le panache de fumée le jour de l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen ont été communiqués mardi 8 octobre par l'organisme ATMO Normandie. Ils sont depuis très commentés. Sont notamment mis en avant des résultats sur la commune de Préaux, au nord-est de Rouen. Les taux y sont "plus importants que la normale" mais "en dessous des seuils de toxicité" a indiqué sur franceinfo, mercredi 9 octobre, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
De quoi parle t-on?
Les dioxines sont des polluants de l'environnement, produits lors de certains processus industriels de combustion. Les pires sources de pollution ont longtemps été certains incinérateurs d'ordures ménagères. Les dioxines sont problématiques du fait de leur toxicité potentielle, puisqu'une fois qu'elles ont pénétré dans l'organisme, elles peuvent s'y maintenir longtemps comme l'explique l'Organisation Mondiale de la Santé. Depuis 2002, en France, les conditions d'incinération de déchets pouvant donner lieu à des émissions sont très réglementées.
Le cas des relevés à Préaux
Les résultats très commentés concernent le capteur de la commune de Préaux (au nord-est de Rouen). Dans la jauge en question, déposée après l'incendie, ATMO Normandie a trouvé un dépôt de dioxine évalué à 12,66 picogrammes par mètre cube d'air (quatre fois plus que la valeur repère médiane dans la région, essentiellement autour des incinérateurs) qui est de 3,4 picogrammes par m³ en moyenne.
La réglementation concernant les concentrations à la sortie des sites d'incinération évoque des valeurs limites à 0,1 nanogramme donc 100 picogrammes par m³. On est donc bien, concernant la commune de Préaux, en-dessous des valeurs limites qui servent de référence, toutes choses égales par ailleurs
Les seuils dont il est question sont des seuils extrêmement faibles. Un picogramme c'est un millième de milliardième de gramme.
Cela dit, comme les dioxines, selon la nature et la durée d'exposition, peuvent être toxiques à très faibles doses, des analyses très poussées de toutes les traces ont été menées.
La nécessité d'un travail d'expertise autour d'analyses complémentaires
Des analyses complémentaires ont été et vont être menées. Il s'agit tout d'abord de savoir si la concentration dans l'air à Préaux était ponctuelle et si elle s'est, ou non, dispersée ensuite. Il s'agit aussi d'analyser et décrypter les taux de dioxines dans les sols, les pâturages, le lait, les aliments...
Ces analyses sont faites depuis le vendredi 27 septembre, dans des laboratoires spécifiques et avec du matériel particulier. Les résultats sont communiqués progressivement. La DREAL Normandie (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) indique qu'une synthèse est impossible tant que tous les résultats n'auront pas été reçus.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.