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"On ne sait pas combien il y a de binationaux en France" ?

Le député Les Républicains de Paris, Claude Goasguen, affirme donc qu'il n'y a pas de données chiffrées sur le nombre de Français qui possèdent une autre nationalité. Plutôt vrai.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
  (Le député Les Républicains Claude Goasguen dit-il vrai sur les binationaux ? © Maxppp)

Il n'y a pas de statistique officielle et précise sur le nombre de binationaux en France. La question n'est pas posée lors du recensement et rien n'oblige légalement un citoyen à le signaler à l'Etat civile. Pour autant, on dispose de plusieurs études sur la question, et notamment une vaste enquête menée en 2008 par l'Ined, l'institut national d'études démographiques. 

D'après l'organisme public de recherche, 5% de la population française âgée de 18 à 50 ans sont binationaux. Ce qui représente un peu moins d'1,5 million de personnes, dont neuf sur dix sont des immigrés qui ont acquis la nationalité française ou des descendants d'immigrés nés Français. Ce sont ces derniers qui seraient potentiellement concernés par l'annonce du gouvernement sur la déchéance de nationalité car les naturalisés peuvent déjà être déchus

Les descendants d'immigrés turcs plus souvent binationaux

Lorsque les deux parents sont immigrés, leurs enfants déclarent une autre nationalité dans le tiers des cas. C'est beaucoup plus rare pour les enfants de couples mixtes. Ensuite, ce sont les descendants d'immigrés turcs qui sont le plus attachés à la nationalité d'origine : plus de la moitié des interrogés par l'Ined. Viennent ensuite les Marocains, les Portugais, les Tunisiens et les Algériens, double-nationaux dans le tiers des cas. Par contre, les endants d'immigrés Espagnols, d'Asie du Sud-Est ou d'Italie ont rarement plusieurs nationalités.

Sentiment d'appartenance 

Dernier enseignement de l'étude de l'Ined : les immigrés doubles-nationaux se sentent autant Français que ceux qui ont abandonné leur ancienne nationalité (82 % dans les deux cas). Ce sentiment d’appartenance est un peu plus faible pour les descendants d’immigrés doubles-nationaux (87 %) par rapport à ceux qui n’ont que la nationalité française (94 %).

En revanche, la double nationalité est significativement associée avec un plus fort sentiment d’appartenance au pays d’origine (le sien ou celui de ses parents). Autrement dit, avoir une double nationalité est une marque d’attachement à ses origines, mais cela n’est pas contradictoire avec une forte identité nationale française. Il importe aujourd’hui de reconnaître et de respecter le pluralisme des identités, plutôt que de les concevoir comme des allégeances exclusives.

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