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Vrai ou faux
Quelque 12% à 17% des étudiants ont-ils renoncé à leurs études faute de logement ?
Hausse des taux d’intérêt, chute des prix de l’immobilier, baisse des transactions…En pleine crise du logement, la présidente directrice générale de Nexity, Véronique Bédague, a affirmé lundi 29 janvier sur franceinfo que le secteur était "bloqué". Sur le marché locatif notamment, il y a "deux fois plus de demandes de locations et 20% de moins d’offres locatives", assure la patronne du premier groupe d’immobilier de France. Dans ce contexte, Véronique Bédague s’inquiète pour les étudiants : "À la rentrée, les estimations étaient entre 12% et 17% d’étudiants qui renonçaient à leur école, à l’école de leur rêve, parce qu’ils ne trouvaient pas de logement". Vrai ou faux ? Franceinfo a vérifié.
Des chiffres corroborés par un sondage
C’est vrai si l’on en croit les résultats d’un sondage OpinionWay, publié en mai 2023, pour la plateforme Wellow, spécialisée dans l’habitat collectif. D’après ce sondage, 12% des moins de 35 ans ont complètement renoncé à suivre leur formation, à cause du prix des logements. Et 17% des 18-24 ans déclarent avoir abandonné leurs études, pour la même raison. Il s’agit uniquement d’un sondage, basé sur environ un millier de personnes interrogées, mais ce sont les seules données que l’on a sur cette question précise.
Il existe en France un manque structurel de logements étudiants. On compte environ 240 000 places dans des logements sociaux pour étudiants, dont à peu près 174 000 lits dans des résidences Crous, réservées aux étudiants aux budgets limités et accessibles sur dossier, et environ 60 000 places dans des logements conventionnés, ou "résidences APL", aux loyers plafonnés. Cela représente donc un total de 240 000 places pour 700 000 boursiers en France, et même près de trois millions d’étudiants au total dans le pays. On peut dire qu’il y a environ 16 étudiants pour chaque lit en Crous. De nombreux jeunes se retrouvent donc sur le carreau.
Pas assez de logements sociaux réservés aux étudiants
"Le nombre de logements pour les jeunes est systématiquement et structurellement déconnecté de la démographie et très en retard par rapport à elle", écrivent les auteurs d'un rapport parlementaire sur le sujet, publié en décembre 2021. Il existe 240 000 logements sociaux réservés aux étudiants, contre 700 000 boursiers. Le nombre d’étudiants n’a cessé d’augmenter en France ces vingt dernières années, mais la construction de logements étudiants n’est pas aussi rapide. En 2017, Emmanuel Macron a lancé un plan "60 000 logements étudiants". La moitié des lits ont été construits à ce jour.
Les étudiants qui ne trouvent pas de logements en Crous ou en résidence conventionnées, ou ceux qui ne sont pas éligibles, doivent donc se tourner vers d’autres solutions. Un tiers des étudiants restent chez leurs parents, selon l’enquête nationale sur les conditions de vie des étudiants réalisée en 2020 par l’observatoire de la vie étudiante. Les autres cherchent sur le marché locatif privé.
Le loyer, premier poste de dépenses des étudiants
Les étudiants déboursent en moyenne 570 euros pour leur loyer, selon l’enquête annuelle 2023 de l’Union nationale des étudiants de France (Unef). En région parisienne, le loyer moyen grimpe à 820 euros. Dans tous les cas, le logement reste le premier poste de dépenses des étudiants, ils y consacrent les deux-tiers de leur budget.
Et qu’en est-il de la situation des salariés ? Y-a-t-il des salariés qui renoncent à des emplois faute de logement ? Dans le 8h30 de franceinfo, Véronique Bédague évoque cette problématique, sans donner de chiffres. Selon le même sondage OpinionWay avec la plateforme Wellow, 22% des moins de 35 ans assurent qu’ils ont renoncé à s’orienter vers des métiers en tension, dans la restauration ou le bâtiment par exemple, à cause des prix des logements, qu’ils jugent trop élevés par rapport aux rémunérations proposées.
Les patrons le constatent aussi. Selon le porte-parole du Medef, Bastien Bruni, interrogé sur Europe 1, six employeurs sur dix affirment que le logement est un "frein" pour embaucher. Mais nous n’avons que des données déclaratives sur le sujet.
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