Y a-t-il vraiment une overdose tous les 12 jours liée au chemsex, comme l'affirme la députée écologiste Sandrine Rousseau ?

La députée écologiste Sandrine Rousseau affirme qu'il y a "une overdose tous les 12 jours" liée au chemsex, cette pratique qui consiste à consommer des drogues pour avoir des relations sexuelles.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un sac contenant la drogue de synthèse 3-MMC, le 28 octobre 2021. (ROB ENGELAAR / ANP MAG)

La 3-MMC, la drogue que le député La France insoumise Andry Kerbrat avait en sa possession quand il a été interpellé jeudi17 octobre , est utilisée notamment dans le chemsex, une pratique qui consiste à prendre des drogues pour avoir des relations sexuelles. Selon la députée écologiste Sandrine Rousseau, cette pratique est un vrai problème de santé publique. "Aujourd'hui, il y a à peu près une overdose tous les 12 jours dans des pratiques de chemsex, c'est un enjeu majeur", affirme-t-elle.

Si le constat de la députée de la neuvième circonscription de Paris est juste, le chiffre qu'elle avance en revanche, est faux. Sandrine Rousseau explique à franceinfo qu'il vient d'un article récent de la presse, qui cite la préfecture de police de Paris. Cet article précise qu'il y a eu 30 overdoses à Paris en 2023 soit effectivement une tous les 12 jours. Cependant, il ne s'agit pas uniquement de chemsex, mais de tout type d'overdose, sans précision du contexte. De plus, l'article parle seulement de Paris. Par ailleurs, la préfecture de police de Paris précise à franceinfo que 30 faits ne signifient pas 30 morts. 

Pas de chiffres récents sur les overdoses liées au chemsex

En réalité, il n'y a pas de chiffres récents concernant les overdoses liées au chemsex. Cela dit, dans un rapport de 2019, l'Office des drogues et toxicomanie, l'OFDT, a identifié 24 décès liés au chemsex sur une période allant de janvier 2008 à août 2017. S'il y a si peu de chiffres sur ce sujet, c'est que cette pratique est encore peu étudiée en France. Elle est en effet relativement récente puisqu'elle s'est répandue dans l'hexagone dans les années 2010, selon l'addictologue Amine Benyamina dans un rapport publié en 2021. Dans ce même rapport, il précise que 100 000 à 200 000 personnes sont concernées.

Ensuite, les personnes qui pratiquent le chemsex n'osent pas en parler, même lors d'une consultation en addictologie, car elles ont peur d'être stigmatisées, comme l'explique une autre addictologue, Juliette Hazart. Elle ajoute que certains cas d'overdose liés au chemsex passent aussi sous les radars, car les forces de l'ordre ne font pas forcément le rapprochement. L'année dernière, la députée Brigitte Liso a donc déposé une proposition de résolution pour demander que plus d'études soient réalisées sur le sujet du chemsex pour mener une politique de prévention.

De nombreux risques pour la santé

Le principal risque de ce type de pratique, toujours selon l'OFDT, est la transmission des infections sexuellement transmissibles car le chemsex implique plus de conduites à risque comme des rapports non protégés. Il existe aussi un risque de dépendance aux substances utilisées, des drogues comme la 3-MMC ou le GBL présentant une forte accoutumance. L'addictologue Juliette Hazart précise que le chemsex peut être une "porte d'entrée vers les addictions" pour des personnes qui n'étaient pas consommatrices. Il existe enfin un risque de violences sexuelles, une personne sous l'influence de substances étant moins capable de donner un consentement éclairé.

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