True Detective - Série noire d'un petit Blanc
True Detective est un polar en huit épisodes. Les amateurs du genre y verront la confirmation que HBO, qui n'avait jamais vraiment exploré ce genre, conserve une aptitude hors du commun à produire des fictions télévisées d'une qualité exceptionnelle. Les autres se diront sans doute que cela leur fait penser à des choses qu'ils ont déjà vues aileurs, comme Se7en de David Fincher, par exemple.
Par essence, le polar n'est pas porteur de nouveauté. Il est une déclinaison récurrente de la violence et des conséquences de cette violence sur ceux qui en sont les victimes et ceux qui en sont les témoins. Le polar est le genre de la mémoire et c'est bien ce canon que respecte la nouvelle série de Nic Pizzolatto.
L'histoire suit deux lignes temporelles. Celle d'une enquête que mènent deux inspecteurs de la police de l'Etat de Louisiane sur le meurtre ritualisé d'une jeune femme en 1995. Et celle du récit que font ces deux enquêteurs des événements à l'occasion d'un interrogatoire dix-sept ans plus tard.
Rust Cohle (Matthew McConaughey) et Marty Hart (Woody Harrelson, récemment vu dans Hunger Games ) sont associés pour le meilleur et pour le pire. Ils sont deux partenaires mal assortis comme un couple qui se mettrait à battre de l'aile dès la première étreinte.
L'étoffe d'un petit Blanc
McConaughey campe un personnage en marge, asociable, solitaire, d'une intelligence brillante et rongé par une épreuve personnelle dévastatrice. L'acteur, qui est magnifique dans le rôle principal de Dallas Buyers Club , paraît à 44 ans bien parti pour remporter l'Oscar du meilleur acteur le 2 mars. Après avoir décroché le Golden Globe le mois dernier.
True Detective est une preuve supplémentaire de son immense talent et de sa métamorphose après avoir pendant quelques années joué les beaux gosses un peu trop lisses, un peu trop papier glacé. Il est étonnant de voir combien ce genre de rôle, à mi-chemin entre un cynisme absolu et une colère à peine rentrée, lui va à merveille.
Son jeu a évolué mais ceux qui exhumeront Lone Star (1996) constateront à quel point dans ce film, déjà, il était fait de cette étoffe, combien il avait trouvé le personnage qui lui convenait. Cela n'est pas un hasard si True Detective est conçue comme un long film de huit heures.
On a presque envie qu'elle s'arrête à la fin de sa première saison, qu'elle aille jusqu'au bout de sa logique et ne cherche pas à étirer (au nom de quelques profits) la personnalité d'un petit Blanc, héros d'une série très noire.
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