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Stéphane Gatignon : "Ce vieux monde doit changer"

Sevran fait partie des villes les plus pauvres de France, en Seine-Saint-Denis. Un endettement de 80 millions d'euros (1.723 par habitants) et un taux de chômage de 18,3% ("une cité-dortoir privée de travail"). En novembre 2012, Stéphane Gatignon, maire de Sevran, entame une grève de la faim pour obtenir une hausse de la dotation de solidarité urbaine destinée à la ville. Il s'explique dans "La bourse ou la ville."
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Sevran n'a pas que des côtés obscurs tient à préciser
Stéphane Gatignon. C'est un laboratoire du monde de demain. Malheureusement, la
ville est plus connue pour ses mauvais côtés et notamment parce que c'est une
plaque tournante de la drogue.

"La drogue est l'un des gros problèmes à cause des
trafics. Cela m'est arrivé de pousser des coups de gueule là-dessus, ce
qui a permis de calmer un peu le jeu. Mais depuis le départ des CRS, depuis six
mois, on a un retour à la fois du trafic, et des toxicos dans le quartier de l'hôpital
où l'on ramasse des dizaines de seringues par jour. Cela ne peut plus durer.
"

Pour faire face à ces problèmes récurrents Stéphane Gatignon
réclame, comme à Marseille et dans d'autres lieus, que l'on "quadrille"
sa ville.

La classe politique ne comprend rien à la banlieue, estime
Stéphane Gatignon. "Il y a une incompréhension de ce qu'il se passe. Il y
a une incompréhension du moment historique où nous sommes. Un nouveau monde est
en train d'émerger. Il émerge dans toutes les contradictions que l'on a, dans
ces violences retenues.
"

Il faut une refonte de la fiscalité

Au moment de la grève de la faim de Stéphane Gatignon, il
manquait cinq millions d'euros au budget de Sevran et ce budget est
structurellement en déséquilibre (35% de ressources structurelles en moins par
rapport aux autres villes de même taille). Pourtant, le maire dit qu'il
respecte un budget rigoureux depuis 11 ans.

"Ce qui est incroyable c'est que c'est en
Seine-Saint-Denis que l'on paie le plus d'impôt locaux. Ce que je propose
c'est qu'il y ait des impôts locaux qui soient identiques que l'on habite à Neuilly-sur-Seine
ou à Sevran. Ce vieux monde doit changer, il faut que l'acte trois de la
décentralisation porte des réformes fortes pour notre pays.
"

La bourse ou la ville. Journal d'un maire gréviste de la faim , de Stéphane Gatignon, aux éditions du Moment

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