Ces petites voix qui parlent aux enfants. 4 albums pour les 3-10 ans
On commence avec Pablo, dans Libre comme l'air, de
Carl Norac et Eric Battut. Pablo, petit cheval bleu à qui sa maman a un jour
murmuré qu'il ne devrait jamais abdiquer de sa liberté. Alors Pablo rue dans
les brancards, refuse la chasse, la guerre, le dressage. Jusqu'à la trouver
cette liberté, mais pas tout seul – un album subtil qui dit qu'on se trouve
aussi grâce aux autres. Les illustrations sont splendides – dominante de rouge,
compositions des fonds à la façon de Rothko, vibration de la lumière. C'est à
lire aux enfants dès 3 ans aux éditions Didier Jeunesse.
Ecouter sa voix intérieure quand elle bruisse de
sons. Le éditions du Rouergue rééditent Le troun et l'oiseau magique
d'Elzbieta, balade graphique, magique et poétique d'un petit être tout imprégné
du bruit du monde et qui v apprendre à la transmuter en notes de musique.
L'histoire se déroule au fil d'une portée toute en ruptures et arabesques – on
peut d'ailleurs s'amuser à chantonner les notes que Sharon Kanach a imaginées
pour accompagner le récit. A la fin, là aussi, l'unité de l'individu naît d'une
harmonie trouvée avec les autres.
Trouver son bonheur quand aucune petite voix ne vient
signaler qu'on risque le ridicule, en d'autres termes quand on est naïf. C'est
ce qui arrive à Granbenêt, le personnage principal de l'album Le chêne de la
truie qui file, de Philippe Barbeau et Amandine Ciosi. Histoire truculente qui
emprunte au conte de fées ; illustrations très expressives – certaines
images évoquent du Hieronymus Bosch revu par les techniques de la BD. C'est à
partir de 6 ans à l'Atelier du poisson soluble.
Chez le même éditeur notre quatrième album, une
miniature tout en retenue : Une ombre qui glisse de Marco Berretoni
Carrara et Chiara Carrer. La voix intérieure dont il est ici question reste
enfermée, emmurée, c'est celle de Sara, la sœur de la narratrice, c'est elle
l'ombre qui glisse, absente au monde le plus souvent, mais à elle-même
probablement pas. Un album aux tonalités et aux sentiments retenus. Le mot " autisme "
n'est pas écrit, même si le sujet apparaîtra clairement aux parents, car la vraie
question est autre : sait-on vraiment ce qui se joue dans la tête des
autres ? Et cela doit-il nous empêcher de les aimer ?
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