L'étoffe des héros au salon du livre jeunesse à Montreuil
L'édition jeunesse représente 10% du marché de l'édition en
France, mais elle est, comme la littérature adulte, très tributaire de quelques mégas
best-sellers. Avec une singularité : non seulement elle a ses héros, mais
on retrouve ces héros dans des séries – c'est la martingale des éditeurs, Harry
Potter évidemment, mais aussi Twilight ,
Fantômette , les orphelins Baudelaire , le Club
des Cinq , sans parler des collections dédiées à l'amour du cheval ou de la
danse, ou encore la "chick lit", la littérature pour jeunes filles,
et ses émules adolescentes de la tutélaire Bridget Jones.
Les séries représentent à elles seules les deux tiers du
marché . On se dit donc de prime abord que l'affaire profite avant tout aux
éditeurs, d'autant qu'ils déploient aujourd'hui des trésors d'efficacité
marketing pour accrocher le lecteur, cela va de ces pitches du volume suivant,
qu'on trouve en fin d'ouvrage, à toute la politique de produits dérivés, y
compris au cinéma ou en jeux vidéos, qui permettent de prolonger, d'étendre
l'univers de la série.
Mais les enfants et les adolescents y trouvent leur compte en
tant que lecteurs , c'est ce qu'explique l'universitaire rouennaise Pascale Ezan.
Ces livres ont en effet la double vertu d'éloigner et de rapprocher de la vie.
Éloigner en entraînant par l'imagination dans des univers peuplés de vampires
ou de magie, des ailleurs éloignés dans le temps ou dans l'espace, on s'évade,
on s'oublie et ça fait du bien. Et en même temps on revient inlassablement à la
vraie vie, car les héros passent leur temps à régler des conflits avec leurs
familles, leurs amis, à trouver l'amour aussi. Et puis les héros on en parle,
dans la cour de récré, et c'est une autre façon de ramener au réel : pour
entrer dans la conversation, ne pas être exclu, il faut connaître, donc lire.
Montreuil rend donc hommage à ces héros dans une exposition ,
elle concerne plus les héros de l'enfance que ceux de l'adolescence ; ces
héros ont entre 4 et 20 ans et sont nés entre 1858 et 2010. Ils ont comme
points communs d'être enfants ou adolescents, d'avoir été adaptés au
cinéma ou à la télévision, mais surtout, d'être dotés du super-pouvoir
d'accompagner et de faire grandir les enfants sur le chemin de la vie – citons
notamment Nini Patalo, Ariol, Fifi Brindacier, Loulou, Sam Sam, et Sophie – oui
la Sophie des malheurs de Sophie. Car c'est une dernière caractéristique des
héros, ils ne meurent jamais !
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