"Vingt Dieux" : le Comté bon !
Un fromage cœur de meule d'un film, c'est du jamais vu ! Dans Vingt Dieux de Louise Courvoisier, la cinéaste filme autour de chez elle, dans le Jura. Ses parents sont des musiciens reconvertis agriculteurs, Louise Courvoisier filme des actrices et acteurs non-professionnels incroyables à l'écran.
Totone, ado insouciant doit s'occuper seul de sa petite sœur. Plus porté sur les potes, les mobylettes et la bière que le boulot, il accumule les déboires avant de se lancer dans la production de Comté pour gagner un concours et ses 30 000 euros de récompense. Sa chance, croiser Marie-Lise, dont les vaches ont un lait 5 étoiles, elle lui remet les pieds sur terre, et fera son éducation sexuelle.
La dureté de cette vie rurale n'est pas éludée, mais c'est débordant de vie, d'audace, d'humour, un western AOC, bien de chez nous. On adore ces jeunes décomplexés devant la caméra, la bouille impayable de la petite sœur, leur accent, leurs rires, la musique, les plans séquence, la beauté des plans dans cette nature en été, un formidable premier film, et une jeune réalisatrice sortie de La CinéFabrique à Lyon, école qui œuvre à diversifier les profils dans le cinéma français. Louise Courvoisier travaille en famille et en bande, c'est chouette !
Les Femmes au balcon de Noémie Merlant
Dans Marseille, écrasée par la canicule, c'est un trio de jeunes femmes au bord de la crise de nerfs, clin d'œil à l'aspect très "almodovarien" de la première partie. Soit Nicole, l'aspirante écrivaine, Elise, la comédienne coiffée comme Marylin, qui fuit un tournage et son amoureux toxique, et Ruby, la cam-girl flamboyante et sans filtre, qui va se faire violer par un beau voisin photographe, déclenchant les représailles des trois jeunes femmes, et un enchaînement de situations cocasses et graves à la fois.
Le film est un tract féministe tapageur et foutraque, Noémie Merlant – pour son deuxième long-métrage comme réalisatrice – a puisé dans des violences et humiliations vécues personnellement.
Drôle et caricatural, bordélique et inventif, Les Femmes au balcon ne fait pas dans la dentelle, et pousse à fond tous les potards, qu'il s'agisse du mauvais goût (mais qui détient le bon ?), ça crie, ça pète (littéralement), ça découpe en morceaux, et ça assume fièrement une nudité frontale. Le résultat peut cliver, personnellement, je trouve le film réussi et réjouissant, non pas malgré, mais avec ses défauts, malgré des maladresses et une fin à la fois un peu naïve et surlignée.
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