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Pourquoi fait-il noir la nuit ?

Vous l'avez remarqué : la nuit, on voit beaucoup moins bien. C'est pourquoi le code de la route nous oblige à allumer les phares, même les soirs de pleine lune. Et c'est justement dans le code de la route que j'ai trouvé la réponse à cette question : la nuit il fait noir car le soleil est de l'autre côté de la terre. C'est le bon sens même, et pourtant c'est faux.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9 min
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Cette question taraude les scientifiques depuis des siècles.
Car si l'on considère que le nombre d'étoiles dans le ciel est infini, on
devrait voir des étoiles partout au-dessus de nos têtes, et non pas à tel ou
tel endroit précis (les constellations, les galaxies). Un peu comme lorsqu'on
se trouve dans une forêt. Où que l'on porte le regard, il y a des arbres
partout, plus ou moins proches de nous. Impossible de voir ce qu'il y a
derrière la forêt. 

Je reviens aux étoiles. Si leur nombre est infini, la
lumière émise devrait être infinie. L'astronome Kepler s'était déjà posé la
question en 1610, puis un siècle plus tard le suisse Chéseaux et le britannique
Halley (oui, celui de la comète) sans vraiment trouver de réponse
satisfaisante. On a donné à cette question le nom du paradoxe d'Olbers, du nom
de l'astronome allemand, appelé encore "paradoxe de la nuit noire". 

On a imaginé qu'il existe une sorte de fluide qui
absorberait la lumière, un peu comme l'air ambiant amortit le son. Si cette
hypothèse était exacte, à force d'absorber la lumière, ce fluide finirait par
s'échauffer, et donc il émettrait à son tour de la lumière. Ce n'est donc la
bonne explication. On sait désormais que le nombre d'étoiles n'est pas
infini. On l'estime à 7 × 1.022 étoiles. Autrement dit : 70.000 milliards de
milliards d'étoiles. 

La résolution du paradoxe de la nuit noire est venue non pas
d'un scientifique mais d'un poète, le romancier Edgar Allan Poe. En 1848, ce
pionnier du fantastique avança que les étoiles ne brillaient pas depuis un
temps éternel, ce qui expliquerait que toute leur lumière ne nous soit pas
encore parvenue. Intuition géniale car la théorie du big-bang n'arrivera qu'en
1927.

On sait désormais que l'univers est né il y a 13,8 milliards
d'années, et qu'il n'est pas figé, mais en expansion. Et donc, en même temps
que la lumière des galaxies se déplace à quelque 300.000 km/s vers nous, ces
galaxies s'éloignent de nous. Il y a donc un univers dans l'univers : celui des
étoiles observables. On appelle cet horizon "l'horizon cosmologique". 

C'est cette lointaine limite que les amoureux regardent
parfois la nuit en songeant à leur bonheur futur. L'obscurité ajoute beaucoup
au romantisme. Jusqu'à preuve du contraire...

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