Pourquoi la tartine tombe-t-elle toujours du côté beurré ?
C'est ce que beaucoup appellent la loi
de l'emmerdement maximum, la même qui fait que les feux passent au rouge quand
on est pressé, qu'il fait toujours beau le lundi et que les clés sont restées
dans la veste qu'on a laissée à la maison. Un statisticien vous dirait qu'on ne
se souvient que des événements marquants. Or une tartine qui tombe du bon côté
n'est pas un événement notable. On l'oublie aussitôt. Notre mémoire sélective
nous laisse donc penser que la tartine tombe toujours du côté
beurré.
Je me suis contenté de cette
explication, jusqu'au jour où un élément nouveau m'a fait revoir mes
certitudes...
Figurez-vous qu'un
éminent physicien, Robert Matthews, membre de la Royal Astronomical Society et
de la Royal Statistical Society, a décidé d'en faire son objet d'étude, avec des
calculs très précis, mettant en jeu la masse de la tartine, son centre de
gravité, la hauteur moyenne de la table... Qu'a-t-il découvert?
La chute d'un corps obéit à des lois
précises, dont la première, mise en avant par Newton, est la gravité. Les autres
données sont, comme l'a montré M. Matthews, des constantes de l'univers. Les
tartines sont donc condamnées à tomber côté beurré.
Pour vérifier ses calculs, M. Matthews
a lancé une expérimentation dans toute l'Angleterre. Sur 9 821 lancers, 6 101
atterrissages ont eu lieu sur le côté beurré, soit un taux de 62 % – la preuve
que le hasard n'a rien à voir là-dedans !
Les recherches de Matthews lui ont valu
le prix Ig-Nobel 1996 (équivalent du Nobel pour des études très sérieuses
portant sur des sujets apparemment loufoques). Diplôme à la main, le lauréat a
déclaré : "Je vous remercie sincèrement de cette récompense. Étant l'un des
individus les plus pessimistes du monde, ma démonstration que la loi de Murphy
fait partie intégrante du plan même de l'univers, m'a apporté un plaisir
immense."
Je rappelle ici la loi de Murphy :
"S'il y a une possibilité que cela tourne mal, cela tournera
mal" ,
Jusqu'à preuve du
contraire...
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