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Pourquoi les oiseaux migrateurs ne souffrent-ils pas du décalage horaire ?

Les oiseaux migrateurs ont beau parcourir plusieurs milliers de kilomètres à tire d’aile, ils ne présentent jamais de signes cliniques du décalage horaire. Pourquoi ? Réponse de Philippe Vandel.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Pas de signes cliniques du décalage horaire chez les oiseaux migrateurs. Pourquoi ? © Galatée Films)

A moins d’être ornithologue ou pilote d’avion, la question peut surprendre. Et pourtant : les faits sont là. Même après plusieurs milliers de kilomètres, les oiseaux migrateurs ne présentent jamais les signes cliniques du décalage horaire tels que nous les connaissons : fatigue, tremblements, éventuellement diarrhées.

Après huit heures de vol vers New York, le Parisien n’aura pris que deux heures de retard sur l’horloge. Mais pourtant, le malheureux se réveillera en pleine nuit, et s’endormira après le déjeuner. Question de distance parcourue ? Pas du tout. Les oiseaux eux aussi peuvent accomplir des prouesses kilométriques. Le pluvier d’or asiatique (Pluvialis dominica) se reproduit en Alaska et migre à l’automne en Argentine, soit un vol d’environ 11.000 kilomètres, dont une bonne partie au dessus de l’océan. On n’a jamais observé chez lui aucun symptôme de décalage horaire. Quel est son secret ?

En fait, ce sont les déplacements Est-Ouest (et réciproquement) qui génèrent les troubles les plus marqués. Car le décalage horaire trouve sa source dans la traversée rapide des fuseaux du même nom. Les sportifs en savent quelque chose. Un footballeur sera paradoxalement moins affecté lors d’une visite-éclair à Pretoria en Afrique du Sud (près de 10.000 kilomètres au sud de chez nous), qu’à Moscou distante de moins de 2.500 km, mais à l’Est.

Or les oiseaux migrateurs ne traversent généralement pas les fuseaux horaires. Ils voyagent au contraire selon un axe Nord-Sud, pour profiter de meilleures conditions climatiques.

D’autre part, la vitesse joue également un grand rôle perturbateur. L’homme d’affaire qui traverse en jet les USA de Chicago à San Francisco sera certainement plus affecté par le décalage horaire qu’un contemporain de Buffalo Bill qui aura effectué le trajet en un mois par la diligence. Et il va sans dire que le rythme des oiseaux s’apparente davantage au vénérable Pony Express qu’à la maison Boeing. Le vétérinaire américain R.B. Altman affirme sans rire que si l’on mettait un oiseau dans un avion allant d’Est en Ouest, il souffrirait du décalage horaire. Comme Nicolas Hulot ! Jusqu’à preuve du contraire...

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