"Ce sera le bonheur" de Nathalie Rykiel

Nathalie Rykiel rend encore un bel hommage à sa mère, dans un livre profondément intime, d'une sincérité touchante, et dans lequel elle se livre.
Article rédigé par franceinfo - Cécile Ribautl Caillol
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
"Ce sera le bonheur", N. Rykiel (JC Lattès)

Dans son nouveau roman, Ce sera le bonheur, paru aux éditions Jean-Claude Lattès, Nathalie Rykiel l'annonce elle-même, "je suis chez moi dans cette caverne de l'hérédité". 

Bienvenue dans l'intimité de Nathalie Rykiel :

LIVRES ET JEUNESSE - Ecoutez l'intégralité de l'entretien avec Nathalie Rykiel (10 mn)

 


Si Sonia Rykiel n'est pas au centre du roman, comme tient à le rappeler sa fille, ''elle est indélébile et elle en fait partie''.

Sonia Rykiel est un nom qui a raisonné dans l’histoire de la mode, dès les années 60, et dont la première boutique a été ouverte à Saint-Germain-des-Prés. On ne peut oublier, ni son allure chiquissime, toute vêtue de noire, ni son éternelle chevelure rousse incandescente.

Fondatrice de la maison de couture qui portait son nom, Sonia Rykiel était surnommée "La Reine du tricot". On pourrait ajouter la reine de son clan aussi ! Il faut dire que Sonia Rykiel a régné sur tout son monde, des défilés de mode jusqu'au sein de la famille. Elle était l'aînée de quatre sœurs. Une sororité qu'elle a toujours protégée, soutenue, et surtout qu’elle a transmis à sa fille, comme l’explique Nathalie Rykiel.

"Il y avait cette sororie, ces cinq filles, ces quatre sœurs et elle, qui n’étaient pas toutes très proches, mais comme les doigts de la main, c'est comme un rempart contre la solitude. Dans le monde on est seul, dans la vie on est seul, même si on est très entouré. Et c'est vrai que cette sororie m'a donnée une force inébranlable. C'est peut-être ce que j'ai gardé de plus fort en fait, cette beauté de l'amour, de la solidarité des femmes."

Nathalie Rykiel

à franceinfo

franceinfo : Pourquoi a un moment donné, avez-vous eu envie de lâcher prise pour écrire et finalement vous dévoilez vous-même, surtout dans ce roman ?

Nathalie Rykiel : "J'ai travaillé depuis l'âge de 20 ans jusqu'en 2012, et j'étais effectivement directrice générale artistique, puis présidente de la Maison, jusqu'au moment où le paysage de la mode a terriblement changé, et où de grands groupes financiers ont pris le pouvoir. Et face à eux, une maison familiale autofinancée ne faisait pas le poids. Et donc j’ai décidé de vendre à ce moment-là, parce que c'était la seule façon de préserver la maison et les 400 personnes qui y travaillaient.

C'était aussi pour moi. J'avais vécu une aventure extraordinaire en travaillant avec ma mère, et c'était devenu d'une part beaucoup plus dur dans le monde de la mode, et d'autre part, beaucoup moins sympathique et intéressant pour moi, de travailler sans elle. Et puis l'écriture... J'ai toujours écrit, simplement, j'ai commencé vraiment à pouvoir me consacrer à mes livres et à publier à partir du moment où effectivement je ne me suis plus occupée de Sonia Rykiel."

Quel regard sur la mode portez-vous ?

Nathalie Rykiel : "J'ai un regard et une distance. Je suis fascinée par le monde qui change si vite, et la mode est vraiment le témoignage absolu de ce qui change. Cocteau disait : La mode change, c'est ce qui fait sa légèreté si grave. En fait, la mode, c'est ce qui change le plus vite. Le monde change très vite. Et c'est fascinant de voir à quel point, effectivement, ça a bougé, ça a changé. Je n'ai jamais été une fashionista, c’est-à-dire que j'ai adoré travailler dans la mode, j'ai adoré travailler avec ma mère, j'ai adoré être chef d'entreprise. C'était une liberté, une fascination formidable. Et aujourd'hui, je regarde ça de loin, avec un grand soulagement en fait, de ne plus en faire partie."

Dans Ce sera le bonheur, vous nous livrez beaucoup de choses de vous, de votre intimité et notamment il y a ces photos de famille. Vous ouvrez vraiment l'album familial pour nous !

Nathalie Rykiel : "Oui, la photo, c'est quelque chose qui m'a toujours fascinée. Et en fait, j'ai voulu les photos. Il y a quelques photos dans ce livre, il y en a un certain nombre, il n'y en a pas énormément, et ce sont des photos qui ne sont pas là pour souligner le texte ou ce que j'écris, mais qui apportent une dimension supplémentaire. Un peu comme on écouterait une musique en lisant. Ce sont des photos anciennes de l'album de famille qui apportent une dimension durable, une proposition encore plus riche, à côté de l'écriture."

Vous évoquez votre propre route que vous avez toujours voulue intense : "Il me faut de l’exceptionnel, que ma vie soit un roman" :

Nathalie Rykiel : "C'est vrai que j'étais une adolescente très mélancolique, et qu'à un moment donné, la façon pour moi de m'en sortir a été de faire en sorte de créer de l'exceptionnel. L'exceptionnel, ça peut être effectivement, à l'époque, la mise en scène d'un défilé, ça peut être un rendez-vous chez le coiffeur, ça peut être un anniversaire, un concert de mon frère qui est musicien... L'exceptionnel, il suffit de le créer et de le décider. Mais j'ai besoin effectivement de ces étincelles dans ma vie, pour ne pas sombrer dans une forme de mélancolie qui m'appartient."

Nathalie Rykiel

L'autrice a également écrit : Tu seras une femme, ma fille, Talisman à l'usage des mères et des filles, Sam Rykiel, mais aussi L'élégance, 4 décembre et Ecoute-moi bien.

Nathalie Rykiel (Franceca Mantovani)

L’intégralité de l'entretien avec Nathalie Rykiel (10mn) est à écouter en haut de cette page Livres et jeunesse.

Belles lectures et bonne semaine à tous !

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