David Douillet : "Mes médailles d'or, je les perds... Un jour, elles sont restées six mois dans ma voiture"
Il mesure 1m 96 et pèse plus de 100 kilos. David Douillet est le deuxième judoka le plus titré de l'histoire, derrière Teddy Riner. Il a décroché deux médailles d'or aux Jeux Olympiques, en 1996 à Atlanta et en 2000 à Sidney. Après un passage en politique comme député et ministre, il est aujourd'hui chef d'entreprise. Il raconte comment l'école du haut niveau et surtout le succès, lui ont servi dans cette vie de chef d'entreprise.
franceinfo : La première de vos deux médailles d'or, vous l'avez décrochée à Atlanta en 1996 et, sur le podium, vous avez totalement craqué. Est-ce qu'on peut dire que vous vous êtes découvert émotif ce jour-là ?
David Douillet : Non, mais j'avoue qu'à ce moment-là, la saveur d'une médaille d'or olympique m'est inconnue. J'avais connu le bronze à Barcelone, mais là, c'est tout autre chose. On passe dans une autre dimension et cette dimension, on la ressent tout de suite.
Dès que vous sortez du tatami, vous avez le ministre des Sports qui est là, vous avez vos amis tout proches, votre entraîneur. Tout le monde fond en larmes. Donc, forcément, il y a une émotion partagée qui vous submerge, parce que toutes celles et ceux qui ont cru en vous lâchent la pression aussi. Et vous êtes le centre de cette affaire-là et ça vous submerge. C'est un tsunami émotionnel.
Le regard des autres change aussi ?
Oui, parce que d'abord, dans le regard des autres, on voit les larmes, et on sent que c'est au plus profond de chaque personne que la victoire est là. Parce qu'en réalité, une médaille d'or olympique, il faudrait la découper en plusieurs petits morceaux, et en donner à chacune des personnes qui vous ont aidé.
Une médaille d'or olympique, ça donne aussi beaucoup de confiance pour la compétition, mais peut-être aussi dans la vie quotidienne ?
Je vais étendre le sujet au-delà de la médaille d'or, je dirais que l'école du haut niveau, depuis l'âge de 14/15 ans où j'ai démarré ça, c'est une grande école où vous comprenez qui vous êtes, vous apprenez qui vous êtes, et vous êtes dans une grande phase d'acquisition de principes fondamentaux qui permettent de réussir un projet.
Et, en réalité, c'est ça la vraie médaille, parce que celle-là, vous la conservez toute votre vie et elle vous sert toute votre vie. C'est-à-dire qu'après, je suis devenu chef d'entreprise, j'ai créé dans différents métiers, dans différents univers et cette grande école m'a toujours servi. Après, j'ai appris les codes inhérents à chaque domaine. J'ai appris le langage, j'ai appris la technicité de chaque domaine. Mais je n'ai jamais eu le syndrome de l'imposteur, puisque j'étais rassuré quant au fait d'avoir la recette de base pour essayer de réussir un projet.
Ça veut dire que sans ces deux titres majeurs et puis les autres qu'on évoque en filigrane, vous ne seriez pas le même homme aujourd'hui ?
Le même homme, si. Mais on pourrait parler de notoriété qui est quelque chose que vous subissez. Vous ne faites pas du judo pour être connu au départ, comme vous êtes ceinture blanche. Bon, il y a d'autres activités.
Vous dites "J'ai subi la notoriété", ça signifie que c'était une contrainte pour vous ?
Non, ce n'est pas une contrainte, mais ce n'est pas quelque chose que vous recherchez. Il y a énormément de bons côtés. Les gens vous reconnaissent, ils sont sympas avec vous, et vous disent des choses gentilles, agréables.
Les gens ont une preuve que vous êtes capable de faire quelque chose qui sort de la norme, donc ils vous considèrent autrement. Ils ont un regard qui est différent. Et c'est vrai que même dans ma vie professionnelle, tous les jours, ça apporte quelquefois des inconvénients aussi, mais beaucoup d'avantages évidemment.
Les inconvénients, quels seraient-ils justement ?
Quelquefois, ce n'est pas simple si vous avez un train ou un avion à prendre quand vous vous arrêtez, même les quelques secondes qui vous séparent de la fin de la photo, ça peut vous faire rater un avion, mais, globalement, c'est toujours bienveillant. Sur les doigts d'une main, j'ai deux ou trois situations pas très agréables, où des gens se sont mal comportés.
Une fois, un type a bousculé ma fille qui était petite, elle avait cinq six ans, elle est tombée par terre, elle s'est cassé la figure dans des présentoirs de cartes postales et je lui ai dit : "Mais, faites attention Monsieur, vous venez de bousculer une enfant. Oui, mais ce n'est pas grave, signez-moi un autographe, et je lui ai dit : stop !". C'est juste un exemple.
Vos médailles ont une bonne place chez vous ?
C'est toujours un peu compliqué, parce qu'en fait je ne sais jamais où je les mets, je les perds, je les range, les perds, je les range, je ne les mets jamais au même endroit, je les oublie. Un jour, elles sont restées six mois dans ma voiture. Je les avais mises dans la boîte à gants. Ce n'est pas important pour moi. En fait, l'objet physique n'est pas important.
Le plus important, c'est toute la construction que j'ai dû faire qui m'a amené à réussir ou à essayer de réussir. Qui, en réalité, est la vraie médaille. La médaille physique, c'est symbolique. Elles ne sont pas encadrées, sont dans un sac, elles sont rangées dans un tiroir, et souvent je les cherche... Ce n'est pas très important.
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