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Ma vie d'après. La corbeille à pain

Ces petits riens, ces petits touts, la preuve que rien ne sera plus comme avant, que le "monde d'après" est déjà là. Lundi, Neila Latrous est : la corbeille à pain.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrousse
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des corbeilles à pain. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Je suis cette corbeille à pain qui règne en maître sur les tables. Bien plus qu’un objet du quotidien, une oeuvre d’art : La Corbeille de pain, tableau de Salvador Dali, sa première toile exposée en dehors d’Espagne au début du XXe siècle.

Ironie de l’histoire, aujourd’hui, les restaurateurs ne peuvent plus me voir en peinture. Pourquoi ? Parce qu’une corbeille de pain, on y plonge la main, on pioche un morceau, on en laisse d’autres. Il arrive que ces miches finissent dans une autre corbeille, sur une autre table, voire dans la bouche d’un autre client. Peu ragoûtant, et pas très geste barrière. Plusieurs pays d’Europe ont donc pris une décision radicale : bannir les corbeilles des restaurants. Exemple à Bruxelles, en Belgique, chez Lucien : "Que ce soit des corbeilles à pain, que ce soit des planches de charcuterie, il est difficile d'en faire pour le moment. Les gens n'ont pas le droit de partager. Ça reste une règle du confinement même si, on l'espère, ça va revenir pour la suite. Ça nous gêne par contre sur certaines préparations pour l'apéro comme les planches de fromage, les planches de charcuterie, sur un plateau mixte, sur d'autres choses."

Rien de tel ici, cher Lucien. De notre côté de la frontière, en France, les restaurateurs ont reçu des recommandations sanitaires évidemment, mais rien de contraignant sur la salière, le poivrier, les planches à partager ou la fameuse corbeille à pain.

Le pain fait presque partie de l’art de vivre à la française

Saviez-vous d’ailleurs qu’un Français en consomme en moyenne 125 grammes par jour, l’équivalent d’une demi-baguette. Le plus souvent à la pause du midi, en sandwich, ou à la à la cantine, ou au restaurant. Du coup, une question me taraude : bannir les corbeilles de table, est-ce que cela aide vraiment à lutter contre le virus ? L’épidémiologiste Martin Blachier a un avis très tranché sur la question : "Je dirais que c'est plutôt du domaine du principe de précaution. Parmi les mesures  ce sont les mesures les moins impactantes sur l'épidémie. La mesure la plus impactante étant tout ce qui se passe au niveau de la bouche et des postillons, c'est à dire le port du masque, la distanciation physique et éviter les grands rassemblements où les gens sont tous serrés les uns contre les autres."

Ouf ! les 30 000 boulangers de France peuvent respirer et moi aussi. Allez, tiens, d’ailleurs, je me ressers un bout..

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