L'arrivée de Netflix ne va pas tout changer
Netflix devrait s'installer aux Pays-Bas et être disponible en France à l'automne. Le service de SVOD (vidéo à la demande par abonnement) poursuit son expansion en Europe après avoir mis le pied dans plusieurs pays scandinaves, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Pour le consommateur, le fournisseur de contenus présente un intérêt indéniable: un catalogue d'environ 100.000 titres, l'accès à un réservoir que l'on est certain de ne jamais pouvoir épuiser. Des séries et des films en quantité presque infinie et en usage totalement illimité. Une aubaine, pense-t-on.
Cela est d'autant plus alléchant que le prix de l'abonnement devrait rester attractif.Il est actuellement de huit dollars aux Etats-Unis mais comme l'a récemment annoncé Reed Hasting, le PDG de la société, une petite augmentation est à prévoir pour les nouveaux abonnés. Elle devrait être de l'ordre d'un ou deux dollars. On peut donc miser sur un prix d'appel en France d'environ huit à dix euros par mois.
Discussions en cours
Cette offensive, qui devrait également toucher l'Allemagne, la Suisse, l'Autriche, la Belgique et le Luxembourg, inquiète fortement les chaînes françaises d'autant plus que Netflix -en se domiciliant hors de France- ne sera pas soumis aux mêmes contraintes de financement de la création audivisuelle qui pèsent sur les diffuseurs privés français. Le ministère de la Culture et les chaînes redoutent que cette arrivée mette à mal l'exception culturelle française et qu'elle constitue une concurrence déloyale.
Des discussions sont en cours pour que Netflix et d'autres services de diffusion sur internet contribuent financièrement au cinéma hexagonal. Selon la loi de 1986, les chaînes françaises sont tenues de diffuser 60% d'oeuvres audiovisuelles européennes dont 40% d'expression originale française. Un autre problème concerne la bande passante que l'opérateur va mobiliser afin de fournir ses abonnés. L'expérience menée depuis plusieurs années aux Etats-Unis montre que Netflix peut être très gourmand et qu'il risque d'y avoir embouteillage sur certains boîtiers reliés à la télévision.
Enfin, la politique de Netflix en matière de création originale est de travailler d'abord sur des algorythmes, de cerner en amont les attentes des spectateurs et de leur offrir ce qu'ils ont envie de voir: la fiction télévisée devient une marchandise comme une autre. C'est ce qui a été mis en oeuvre pour les premières créations originales que sont House of Cards et Orange is the New Black dont la saison 3 a été annoncée.
Canal+ et Orange misent sur le flux
Face à cette concurrence Canal+ et Orange ont développé la stratégie qui peut apparaître un peu tardive (cela aurait pu être fait il y a au moins cinq ans) de miser sur la nouveauté, sur des séries à H+24, soit le lendemain de leur apparition sur les petits écrans américains. Conséquence, la chaîne cryptée et l'opérateur de téléphonie captent le flux d'actualité, sans renoncer pour autant à une programmation sur le plus long terme. Il s'adressent aux amateurs qui veulent suivre au plus près et presque en temps réel ce qui se passe dans le monde des séries.
Netflix, lui, a une offre plus encyclopédique. Son catalogue est idéal pour voir ou découvrir des fictions déjà anciennes, se faire des séances de binge watching ou parfaire sa culture sérielle. En revanche, il n'est pas performant dans l'actualité puisqu'un temps de latence est nécessaire avant que les oeuvres intègrent son offre.
De même, les créations originales ne sont pas plus nombreuses que celles proposées par C+ et par OCS et elles ne peuvent pas constituer un produit d'appel suffisamment attractif pour déclencher à elles seules un décision d'abonnement. La bataille se fera donc sur le prix car la question pour le spectateur sera: ajouter un nouvel abonnement à ceux que je possède déjà ou choisir entre des services distincts ?
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