Après les élections régionales en Espagne, le parti d'extrême droite, Vox, sort gagnant de ce scrutin
Focus sur l'Espagne aujourd'hui, après les élections municipales et régionales qui ont marqué une très lourde défaite pour la gauche, provoquant des élections législatives anticipées pour le 23 juillet prochain. Avec l'analyse du journaliste Juan Jose Dorado, correspondant espagnol à Paris.
franceinfo : Le Parti socialiste du Premier ministre, Pedro Sanchez, a subi un revers important lors de ces élections municipales et régionales en Espagne, le PSOE, donc les socialistes perdent six des dix régions ?
Juan Jose Dorado : C'est un gros coup, très dur, pour le président Sanchez. Il faut savoir que les régions autonomes, les gouvernements autonomes, ont énormément de pouvoir en Espagne, six régions perdues, dont Madrid, c'est beaucoup. Il faut rappeler qu'il y avait les élections régionales du gouvernement autonome, mais aussi les élections municipales. Et donc les socialistes ont perdu Madrid, ville et région, en faveur du Parti populaire.
La gauche a perdu Valence, la région mais aussi la ville. Ils ont aussi perdu la ville de Séville, et l'Andalousie est complètement passée du côté du Parti populaire, sauf la ville de Jaen, qui est l'une des plus petites villes andalouses. Même dans les Asturies, la ville de Jigon est passée à droite. Donc effectivement, c'est un revers politique qui a amené effectivement le président du Conseil à convoquer des élections législatives anticipées pour le 23 juillet prochain.
Pour l'instant, Madrid, Valence, les Asturies – c'est très ouvrier, c'était les mines à l'époque. Quelles sont les trois autres provinces que le gouvernement a perdues ?
Il y a notamment l'Aragon, Saragosse, qui était à gauche, et aussi l'Estrémadure. Donc ça a été très rude, ce qui a amené logiquement le président à prendre une décision à laquelle personne ne s'attendait : dissoudre le Parlement et convoquer des élections pour le 23 juillet. En pleine présidence espagnole de l'Union européenne, pour certains, l'Espagne est en train de saboter sa propre présidence européenne, puisqu'on ne sait pas quand nous aurons un gouvernement.
Qu'est-ce qui a fait donc que les Espagnols, en majorité, votent pour les conservateurs ?
Plusieurs raisons à cela. Premièrement, une crise économique. On peut toujours nous dire oui, mais ce mois-ci, l'inflation en Espagne est parmi les plus basses 3,2%. On oublie de dire que l'inflation sous-jacente est à 6,3%, on oublie de dire que l'été dernier, on était à plus de 10% d’inflation. On peut nous sortir des statistiques, mais la réalité dans la rue, c'est que les prix montent, que les gens ont du mal à arriver à la fin du mois. Et puis, il y a aussi un problème politique, c'est que vous ne pouvez pas gouverner quand vous gouvernez contre la moitié du pays. Et c'est ce qui s'est passé aussi avec Pedro Sanchez, qui gouvernait avec Podemos, le parti d’extrême gauche, mais contre l'autre moitié du pays.
C'est très compliqué, d'autant plus qu'aujourd'hui, on n'oublie rien. Il a pris des décisions très lourdes de conséquences, comme gracier les indépendantistes catalans, catalans qui ont été condamnés par le Tribunal suprême espagnol. Il a modifié une loi pour réduire les condamnations des politiques, qui auraient mis la main à la caisse. Paradoxalement, c'est tombé sur des politiques socialistes. Trois, le coup très rude d'une loi qui était une modification du Code pénal, pour alourdir les peines contre les violeurs, les agresseurs d'enfants, les agressions des femmes...
Et qu'est-ce qui s'est passé ?
Plusieurs centaines de criminels qui avaient été condamnés ont vu leur peine réduite et, pour certains, ils sont même sortis de prison. Ce qui a amené le gouvernement à revoir sa loi et à la changer. Et dernière chose, c'est que lors de ces élections, le parti indépendantiste Bildu, qui est le bras politique de ce qui est l’ETA, au Pays basque, a présenté lors des élections une quarantaine de candidats qui avaient été condamnés pour terrorisme, dont sept étaient condamnés pour crimes de sang. Ils ont retiré les sept, mais ce coup-là aussi a fait que les Espagnols se sont dit : "Pedro Sanchez, c'est bien ce que vous faites, mais à un moment donné, il y a des choses qu'on ne peut pas permettre...". Et donc tout ça fait qu’aujourd'hui, l'Espagne est tombée à droite, au niveau régional et municipal.
Est-ce que ça explique aussi la montée du parti nationaliste d'extrême droite, Vox ?
Cela s’explique. Vox avec un discours sur l'immigration qui monte, et aujourd'hui quand même, un parti important pour la gouvernabilité, peut-être dans les mois prochains de l'Espagne.
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