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Comment les Grecs vivent-ils cette époque contemporaine, eux qui ont déjà connu de graves crises économiques ?

"Micro européen" reçoit Georgia Kouvela, avocate grecque au barreau de Paris et au barreau d'Athènes, présidente de l'Institut hellénique de la diplomatie culturelle France. 

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 185 min
Vue d'Oia à Santorin, une île des Cyclades en Grèce. (Illustration) (© 2009 DIMITRIS SOTIROPOULOS / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Georgia Kouvela, est avocate grecque au barreau de Paris et au barreau d'Athènes mais aussi présidente de l'Institut hellénique de la diplomatie culturelle France, qui a pour but la promotion de la culture grecque en France et la culture française en Grèce.

franceinfo : Comment les Grecs vivent-ils cette période de guerre en Europe ?

Georgia Kouvela : Les Grecs n'aiment pas la guerre, n'aiment pas les conflits et ça se voit déjà par la politique extérieure grecque. Au niveau de la Turquie, on essaye toujours de garder une certaine distance, même si le passé avec les Turcs était toujours douloureux, et l’est toujours, dans l'esprit des Grecs.

Concernant la crise énergétique à venir, ils la vivent vraiment très, très mal. D'autant plus qu'on a les effets actuellement avec la hausse exorbitante des prix de l'électricité. On a des gens qui reçoivent entre 500 et 600 euros par mois de retraite et qui doivent payer des factures à 1000, 1500 euros. C'est hallucinant, c'est du jamais vu, sans précédent.

Dans quel état politique se trouve la Grèce aujourd'hui avec ses dirigeants ?

Il y a un redressement qui se traduit par une croissance qui a été mise en place progressivement sûrement, et une transparence dans l'administration, dans la justice, malgré une certaine augmentation du chômage.

Qu'est-ce qui fait chez les Grecs cette force ? Ils adorent leur pays, quel est le Grec qui ne connaît pas l'histoire antique, ils donnent l’impression qu’ils affrontent tous les conflits parce qu'ils sont d'abord grecs...

Les Grecs ont un sentiment d'appartenance, comme tous les pays d'ailleurs. Ce qui définit la nation, c'est ce sentiment d'appartenance, à la même Histoire, dans le même vécu, dans la même douleur. Les douleurs grecques sont quand même récentes. On parle de 1821, l’indépendance de la Grèce, 1922, la destruction de Smyrne, des événements qui sont encore récents, et ce qui fait que nos us et coutumes, notre culture, nous maintiennent toujours dans une force d'unité.

En Grèce à l'école primaire, on ne parle pas d'Histoire, on parle de "la connaissance de la patrie". C'est le nom du cours qu'on donne aux enfants entre quatre, cinq ans et 12 ans. C'est la reconnaissance de la patrie sans connotation nationaliste, xénophobe. C'est la connaissance de la patrie, en ce sens que cette connaissance de notre patrie, c'est aussi de la promouvoir et d'accepter de s'enrichir des autres. La grande force des Grecs, c'est de s'adapter aux éléments extérieurs.

Les Grecs aiment beaucoup leur drapeau, les Grecs, pour eux c'est un grand symbole ?

Oui, bien sûr, mais c'est un drapeau qui a été fait par le sang, par la sueur, par le travail, par beaucoup de peine. Et nous y avons gagné la liberté. Mon professeur d'histoire me disait que nous si connaissons bien le passé, on peut vivre le présent et préparer l'avenir.

C'est un peuple qui a un proverbe, qui peut-être explique ce que veut dire être grec : "Plus on va lentement, plus on transforme l'aigreur en miel"... 

Oui, le Grec oublie souvent, mais garde en fait les mauvais moments. Pas pour être revendicatif ou se venger. C'est pour se souvenir, pour apprendre des erreurs du passé, et pour avancer, et peut-être redevenir meilleur après. Le Grec n'est pas parfait, mais il a pour priorités d’améliorer ce passé, pour l’avenir…  

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