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Micro européen. Comment éviter un Brexit sans accord ? Brexit dixit exit ?

La fièvre monte outre-Manche à moins de 50 jours du Brexit...

Article rédigé par franceinfo - José Manuel Lamarque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Theresa May et Jean-Claude Juncker à Bruxelles, le 7 février 2019. (DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / AFP)

À moins de 50 jours du Brexit, soit la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les "Européens" acceptent de continuer à travailler avec Theresa May, la Première ministre britannique, afin d'éviter un Brexit sans accord, qui serait catastrophique pour le Royaume-Uni.

C'est une grande concession de la part de Bruxelles envers Londres. C'est la raison pour laquelle, jeudi dernier, Theresa May s’est rendue à Bruxelles pour demander à l’UE tout simplement de l’aider à modifier l'accord du Brexit. Du côté européen, la réponse est plutôt négative, mais rien n'est à désespérer pour l'instant.

Lundi prochain, le 11 février, Michel Barnier, le négociateur pour l’Union européenne, rencontrera Stephen Barclay, qui est le troisième ministre britannique du Brexit, deux autres avant lui avaient jeté l'éponge. Quant à jeudi prochain, soit le 14 février, le débat sur le Brexit reprendra à la Chambre des communes.

Sauver à tout prix le parti conservateur

Tout est venu du souci de l'ancien Premier ministre britannique, David Cameron, de sauver le parti conservateur. Ce dernier étant au bord de la fracture, car nombre de ses membres voulaient rejoindre le parti UKIP, de Nigel FARAGE, le parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, anti-immigration et eurosceptique.

David Cameron croyait en un référendum sur la sortie ou non de l'UE, pensant que le parti LibDem, les libéraux démocrates, ses alliés, allaient permettre de remporter le référendum en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne. C'est tout du moins ce qu'il avait affirmé à Donald Tusk, le Président du Conseil européen. Nous connaissons tous le résultat.

David Cameron laissait son siège à Theresa May, Madame May affirmait il y a deux ans que le Royaume-Uni sortirait de l'Union. Aujourd'hui, moins de 50 jours avant son départ, le Royaume-Uni est empêtré dans ce que l'on appelle le Brexit, une situation ingérable, et sûrement la pire erreur politique historique d'un des plus vieux États européens.

Incertitude et impasse

Que faire aujourd'hui pour éviter un Brexit sans accord ? Theresa May tente elle aussi de sauver le parti conservateur, surtout quand chez les travaillistes, l'opposition au gouvernement actuel, le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, soutiendrait l'accord du Brexit si Theresa May s'engageait à maintenir des liens étroits avec l'Union européenne.

Une des pommes de discorde de ce Brexit concerne la question irlandaise. Faudrait-il ou non reconstruire une frontière entre la République d'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du Nord ? Pour les deux parties irlandaises, la réponse est non car l'absence d'une frontière est le résultat de l'accord du Vendredi Saint entre la République d'Irlande et le gouvernement britannique de Tony Blair le 10 avil 1998 qui mettait fin à 30 années de conflit armé.

Autre situation préoccupante concernant Londres, la Banque d'Angleterre vient de tirer le signal d'alarme concernant un Brexit sans accord, la résultante serait une perte de 9 points de croissance. Enfin, bon nombre de Britanniques aujourd'hui sont possesseurs d'un autre passeport, irlandais pour les habitants de l'Ulster, français, espagnol, grec ou italien pour les résidents britanniques sur le continent européen. Ils et elles sont de plus en plus nombreux, surtout pour les journalistes britanniques travaillant dans l'UE à obtenir une autre nationalité.

Le Brexit ne rassure ainsi personne en Grande-Bretagne

Enfin, une étude réalisée par le cabinet Ipsos Mori après le référendum de juin 2016 a montré que 75% des Britanniques âgés de 18 à 24 ans ont voté contre le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne. La jeunesse outre-Manche est "vent-debout" contre le Brexit, et une association a vu le jour "Our Future Our Choice", "Notre futur, notre choix" qui milite pour que le Royaume-Uni fasse marche arrière. Les jeunes britanniques craignent une grave récession, une montée du chômage, quant à la perte européenne des normes sanitaires et alimentaires, il s'agit pour eux d'un danger potentiel après le Brexit.

Je me demande à quoi cette place spéciale en enfer ressemble, pour ceux qui ont fait la promotion du Brexit sans même l'ébauche d'un plan pour le réaliser en toute sécurité

Donald Tusk

Cette déclaration de Donal Tusk, le 6 février dernier, a fait bondir plus d'un partisan du Brexit. Jon Henley, l'invité de "Micro européen", a lui-même commenté les propos de Donald Tusk dans le Guardian en démontrant, qui, Donald Tusk désignait en parlant "d'une place en enfer".

Étaient ainsi pointés du doigt Boris Johnson, le bouillant ancien secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères de Theresa May et ancien Maire de Londres ; David Davis, ancien secrétaire d'Etat à la sortie de l'Union européenne du gouvernement de Theresa May de juillet 2016 à juillet 2018 ; Michael Gove, ancien secrétaire d'Etat à la justice de 2015 à 2016 ; Liam Fox, secrétaire d'Etat au commerce international de Theresa May ; Daniel Hannan, député européen du parti conservateur et Nigel Farage, député européen et co-président du groupe Europe de la Liberté et de la Démocratie directe au Parlement européen, fondateur du parti UKIP. Ces six "Cavaliers de l'Apocalypse" sont les plus ardents défenseurs d'un Brexit dur, qui l'est de moins en moins.

Quelle sortie honorable ?

Dans l'impasse et les incertitudes que connaît aujourd'hui le Brexit, à moins que la "Fée Europe" abroge l'article 50 du Traité sur l'Union européenne, et que le Royaume-Uni reste au sein de l'UE avec un grand "Ouf !" de soulagement, se promettant que l'on ne l'y reprendrait plus, la sortie la plus honorable serait de rejoindre l'AELE , l'Association Européenne de Libre Echange, dont sont déjà membres l'Islande, la Norvège et le Liechtenstein, formant avec les 28 l'espace économique européen.

Le Royaume-Uni bénéficierait toujours des attraits économiques de l'UE, mais y perdrait sa décision politique, un moindre mal mais peut-être un mal nécessaire pour sauver le navire Britannia 2019.

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