Du conte de fées au dessin animé : parfois un fossé
Il y a même si loin que parfois, du conte au film, le grand
méchant loup ne reconnaitrait pas ses trois petits cochons, explique Christilla
Pellé-Douël, journaliste à Pychologies Magazine. Il existe des contes de fées partout
dans le monde, et on retrouve souvent des thématiques similaires d'un continent
à l'autre. Vous vous doutez bien qu'une telle universalité cache une fonction
fondamentale.
Grâce à Jung et au célèbre psychanalyste Bruno Bettelheim et
son célèbre ouvrage Psychanalyse des contes de fées , nous savons
que les contes participent à la construction psychique des enfants par le biais
d'histoires symboliques. Ils présentent des archétypes qui jouent un rôle
déterminé qui permet à l'enfant de bâtir une représentation des forces qui
l'animent et parfois l'inquiètent. La psychanalyste Claire Delabare dit
d'ailleurs que Disney propose des dessins animés dans lesquels les filles sont
privées de la possibilité de liberté et renvoyées à un rôle domestique.
La reine des neiges
Le conte d'Andersen raconte l'histoire d'un petit garçon
pauvre, qui reçoit dans l'oeil et le cœur un éclat de verre. Il est enlevé par
la Reine des Neiges, froide et méchante. C'est une petite fille, Gerda, qui
viendra le délivrer. Il s'agit du parcours initiatique de la jeune fille. Dans
la version de Disney, Gerda ne va pas délivrer le petit garçon, mais sa propre
sœur qui est la reine des Neiges. On a d'un côté le salut par l'intervention
extérieure, Gerda pour le petit garçon, l'ouverture vers l'autre, le chemin
personnel vers l'amour, et dans la version animée, celle d'une fermeture sur la
famille, l'identique, les valeurs de l'entre-soi.
Des versions différentes des contes originaux
En dehors des interprétations Disney, les contes étaient
transmis oralement avant d'être transcrits par des auteurs tels que Charles
Perrault ou Hans-Christian Andersen. Donc, par essence, les contes subissent
des modifications en fonction de la culture et des changements des sociétés.
Au 17e siècle, les contes sont cruels, les loups y mangent
des enfants et les sorcières sont de vieilles femmes terrifiantes.
Au 19e, la cruauté est tout aussi présente, mais avec
d'autres thématiques : on y meurt de faim, de froid, et les contes
finissent parfois mal, comme la Petite Marchande d'Allumettes. Quant aux
filles, elles sont destinées à se marier et à avoir beaucoup d'enfants, point à
la ligne.
Au 21e siècle, il ne faut pas attrister les enfants, et il
est question de leur transmettre des idéaux individualistes "quand on
veut, on peut", etc...
Même si la thématique de l'amour sauveur et du prince
charmant est toujours aussi prégnant, n'oublions pas qu'il s'agit aussi d'une
activité commerciale et qu'il ne s'agit pas de dire des choses déplaisantes.
Peut-être que nous allons voir d'autres thématiques apparaître, comme les
origines mystérieuses via la conception artificielle.
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