Existe-t-il une famille normale ?
Lorsque l'on
interroge les gens on a certitude que la famille normale existe,
explique Anne-Laure Gannac de Psychologies Magazine. Demandez aux enfants, "comment
elle est, ta famille ?" Quelle que soit la configuration de leur
famille, l'immense majorité d'entre eux répond : "ben...
normale" Et après de sombres affaires d'infanticides ou d'incestes, les voisins
disent souvent que c'était "pourtant une famille normale". Conclusion :
la normalité ne veut pas dire grand chose.
La famille c'est merveilleux, c'est inévitable, peu importe,
mais dans tous les cas, personne, aucun adulte en tout cas, ne peut nier que
c'est aussi un microcosme un peu fou, à l'intérieur duquel on s'efforce de
croire et de faire croire que tout est normal. Que ces disputes dans le couple
sont normales, que ces incompréhensions entre parents et enfants sont
normales... Bref, on joue le jeu de la normalité, pour tenir ensemble et pour
faire bonne figure dans la société, mais cela ne nous fait pas pour autant
coller à une quelconque norme.
Paraître normal
Personne n'est "normal", c'est-à-dire que chacun
arrive dans la famille avec son lot de souffrances, de frustrations, de
secrets, de désirs et la famille devient un agrégat de tous ces
particularismes, elle en produit d'autres, dans une sorte de composition plus
ou moins subtile. Pour le dire simplement, chaque famille est singulière, donc
aucune famille n'est normale.
La normalité c'est une image lisse que l'on renvoie, alors
que les déséquilibres se jouent dans l'intimité. Donc, de même que Winnicot, le
pédiatre, réfutait la notion de "mère parfaite" pour lui préférer
celle de "mère suffisamment bonne", on pourrait remplacer "famille normale" par "famille suffisamment
bonne."
Une bonne famille
Une "bonne famille" assure les besoins
primaires, c'est-à-dire une sécurité affective et matérielle, et transmet des
règles fondamentales, des interdits universels. Cela permet tout simplement aux
enfants de vivre ensuite de manière autonome dans la société. La famille c'est
avant tout : le lieu où l'enfant découvre les lois, les interdits, les
principes et les valeurs dont devra ensuite faire usage pour s'intégrer dans la
société. Mais cela suppose aussi que cette cellule familiale, comme nous le dit
un psychanalyste dans l'enquête, "supporte d'être emboîtée dans un groupe
plus vaste, autrement dit dans la société".
Le sexe des parents
Quand vous demandez à des psychanalystes de vous décrire une
famille normale, ou plutôt, une famille suffisamment bonne, ils ne vous parlent
pas du sexe des parents ! Ils parlent de leur capacité à faire désirer,
aimer, accepter l'autre, le nouveau, la différence, les autres. C'est là que
certains diront que cette acceptation de la différence est empêchée par l'homoparentalité.
Mais d'autres affirment que la différence qui fait poids chez l'enfant, elle ne
se loge pas dans l'apparence physique et sexuelle des parents, mais dans leur
psychisme. Les enfants s'identifient au surmoi parental et non à leur apparence.
Ce serait cela, selon eux, qui structurerait un enfant.
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