Le logement neuf, idéal des Français
Et faute de
moyens, il faut faire des choix. Alors quelles sont les aspirations des
Français en matière d'immobilier neuf ? Qui décide des nouvelles
tendances ? Comment les promoteurs tendent à conjuguer attentes des
acquéreurs et contraintes d'urbanisme ? Les villes ont-elles leur mot à
dire ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre avec
Maïlys Honoré, journaliste dans le Groupe de Particulier à Particulier.
Pour
commencer, que recherchent les Français lorsqu'ils veulent acheter un
logement ?
En premier lieu,
ils veulent une adresse facile à vivre. C'est-à-dire qu'ils cherchent d'abord
une localisation en fonction de leur lieu de travail et de l'école de leurs
enfants. Autre paramètre : les transports et les commerces de proximité
qui doivent être le plus proche possible de leur futur appartement.
Des critères
qui ne sont pas toujours compatibles avec les prix de l'immobilier...
En effet. Dans
les grandes agglomérations et leurs périphéries, les prix sont souvent trop
élevés. Il faut alors faire des compromis. D'après différentes enquêtes et
sondages, les Français préfèrent acheter un logement plus petit s'il est mieux
situé qu'un autre. Et ce phénomène n'a pas échappé aux promoteurs qui imaginent
et construisent ces nouveaux logements. Depuis quelques temps, on constate que
les locaux situés en rez-de-chaussée sont dévolus à l'installation de petites
surfaces alimentaires et commerçants indépendants. Contrairement aux années
passées où la tendance était à la concentration des grandes enseignes en
périphérie de ville, les Français veulent pouvoir faire leurs courses à pied,
et prônent le relancement de la vie économique locale. Ils souhaitent vivre
dans un quartier " vivant ".
Et à
l'intérieur des logements, qu'est-ce qui fait la différence ?
La
fonctionnalité ! Avec des prix au plus haut et des budgets toujours plus
serrés, la superficie des logements a tendance à diminuer. Les Français sont
donc extrêmement regardants sur les plans. Le mètre carré coûte cher, donc pas
question de le gaspiller. Ils ne veulent pas d'espace perdu, des rangements
optimisés, et une cuisine suffisamment grande pour pouvoir y manger. Le salon
doit être spacieux, quitte à avoir des chambres un peu plus petites. Autre
tendance, avec l'avènement des nouvelles technologies, les acquéreurs sont de
plus en plus exigeants sur la connectique : ils se renseignent pour savoir
si l'immeuble sera équipé en fibre optique, et si les prises seront présentes
dans toutes les pièces. Ce qui peut faire la différence également, c'est la
possibilité de personnaliser son logement. En effet, quand vous acheter dans le
neuf, la majorité des promoteurs vous laisse le choix des finitions. Parquet,
carrelage, moquette, peinture, papier peint, façade de placard... A vous de
choisir quel revêtement et quelle couleur vous préférez. Attention, certains
produits sont inclus dans le prix de votre logement, mais d'autres peuvent être
en option. Cette possibilité de personnaliser son logement séduit énormément.
Car pendant longtemps, on a critiqué le
côté froid et impersonnel des logements proposés.
Et le balcon
ou la terrasse, ne sont-ils pas des éléments déterminants ?
Bien sûr !
Il faut se rappeler que si les Français avaient le choix, ils choisiraient
volontiers une maison individuelle avec un jardin. Dès lors qu'ils optent pour
un appartement, ils n'imaginent pas se passer d'un petit coin de verdure.
Terrasse, balcon, rez-de-jardin, loggia... Même petit, ce prolongement
extérieur est indispensable. Et il doit être suffisamment large pour y
installer une table afin de dîner dehors.
Un élément
est également très important : le respect de l'intimité de chacun...
En effet, et
c'est tout l'enjeu des nouvelles résidences. Car l'heure est à la
redensification urbaine. Et cette volonté politique ne colle pas vraiment avec
le besoin d'intimité des Français. Les promoteurs doivent donc trouver le moyen
de récréer une sensation de résidence à taille humaine, même sur des opérations
denses. Pour relever ce défi, ils portent une grande importance aux parties
communes, privilégie les ouvertures vers l'extérieur, et jouent sur
l'architecture pour gommer l'impression de hauteur. Les grandes
" barres " et leur côté " concentrationnaire " des années
70 ne sont heureusement plus à l'ordre du jour ! Il faut dire que les
mairies sont elles aussi sorties de leur conservatisme et qu'en laissant plus
de liberté aux architectes, ce sont les acquéreurs qui sont gagnants.
Et d'ailleurs
l'architecture est-elle passée au crible lorsqu'on achète ?
Oui, car il
apparait que l'architecture de la résidence est très importante pour les
acquéreurs, pratiquement autant que l'aménagement intérieur de leur
appartement. Ils ne conçoivent pas d'acheter dans un bâtiment similaire à celui
qui se construit au bout de la rue. On a longtemps parler d'uniformisation de
l'habitat avec les constructions neuves. Aujourd'hui, les choses changent. Dans
les centre-ville et les éco-quartiers, l'architecture contemporaine voire
carrément futuriste est volontiers acceptée, et même encouragée. Dans les zones
pavillonnaires, les petits bâtiments façon " grosse maison "
s'intègrent à merveille au tissu urbain déjà constitué. Dans les secteurs où
l'architecture régionale est très marquée, le respect de la tradition fait
toujours recette.
L'émergence
de nouvelles réalisations repose sur une impulsion des villes...
Lorsqu'il s'agit
de petites opérations, les promoteurs achètent les terrains sur lesquels ils
vont construire de nouveaux logements et ils réalisent leur opération comme bon
leur semble, du moment qu'ils respectent les règles d'urbanisme en vigueur. En
revanche, lorsqu'une ville décide du réaménagement complet d'un quartier, ou de
la création d'un nouvel espace, les choses sont un peu plus compliquées. C'est
la mairie qui réfléchit. Où va-t-on construire ? Pour quoi ? Pour
qui ? Comment ? Avec quelles contraintes ? Pour se faire elle
confie à un aménageur le soin d'élaborer un cahier des charges, de lancer un
appel d'offre et de sélectionner les professionnels qui répondent à tous les
critères imposés. Il s'agit d'un véritable concours. Et les acquéreurs sont les
grands gagnants puisqu'ils vont pouvoir devenir propriétaires au cœur d'un
espace réfléchit et cohérent où toutes les infrastructures nécessaires vont
être également créées : ligne de bus, établissements scolaires,
commerces...
Autoriser de
grandes opérations sur le territoire est une décision courageuse ?
Effectivement,
ceux qu'on appelle " maires bâtisseurs " ne sont pas forcément
majoritaires. Il faut des élus courageux car lancer de grandes opérations
d'aménagement sur son territoire c'est exposer la population, et donc ses
électeurs et futurs ré-électeurs, à de gros chantiers et tout ce que cela
implique comme le bruit, la poussière et encore plus les problèmes de
circulation aux abords de la zone de travaux. Et ce pendant très longtemps...
Heureusement lorsque le réaménagement du quartier est terminé, les riverains
oublient vite ces désagréments surtout lorsque la création de ce nouvel espace
s'accompagne d'équipements publics dont vont profiter les habitants des
alentours.
Et même de
prix maitrisés dans certains cas ?
En effet, et c'est
une bonne nouvelle pour ceux dont le budget est un peu serré. Certaines mairies
permettent à leurs habitants de devenir propriétaire en rendant l'accession à
la propriété... Accessible ! C'est-à-dire qu'elles imposent au promoteur
un prix de vente au m² maximal. En échange, la ville vend le terrain au
promoteur à un prix très inférieur au marché pour que ce dernier puisse rentrer
dans ses coûts de construction. Les habitants de la ville, eux, vont se voir
proposer des logements neufs à des prix " raisonnables ", et
encadrés. Attention, si de telles opérations sont en cours sur votre ville, ne
réfléchissez pas trop car les biens partent extrêmement vite !
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