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Le romantisme est-il has been ?

Le romantisme est-il devenu has been ? C'est la question que la rédaction de Marie-Claire a posé à deux experts : le sociologue Jean Claude Kaufmann et la spécialiste de la littérature romantique, Ariane Charton.
Article rédigé par franceinfo
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Pour Jean-Claude Kaufmann, le romantisme est devenu has
been. Le sociologue estime en effet qu'on vit aujourd'hui dans une société du
plaisir et de la maîtrise. On est donc d'accord pour aimer, mais surtout pas
pour souffrir, et le romantisme il faut le rappeler, c'est un package, qui
inclut les déclarations enflammées et les serments d'amour éternel, mais  aussi le déchirement sentimental,
l'impression qu'on ne pourrait pas vivre sans l'autre. C'est donc l'amour
absolu, qui par définition peut faire très très mal.

Pour soutenir sa thèse, le sociologue s'appuie sur deux
tendances, très prégnantes dans la société actuelle :

La
figure du friend fucker, avec qui on décide d'avoir une sexualité, on va dire
hygiénique, lorsqu'on n'a pas mieux. Le sociologue se garde bien de juger les hommes et les femmes qui ont
recours à ce deal entre amis – qui consiste à coucher ensemble sans engagement,
ni quelconque illusion sentimentale – mais rappelle que ce n'est clairement pas
un idéal d'absolu. L'essor des sites de
rencontres, sur lesquels on peut désormais chercher un partenaire en fonction
de critères extrêmement pragmatiques - comme l'âge, mais aussi le lieu de
résidence, le montant des revenus ou la couleur des yeux – sites, qui selon
lui, ont contribué à transformer l'autre en produit : on est d'accord pour
rencontrer quelqu'un qui rentre dans nos cases, mais pas pour se mettre en
danger, en prenant le risque d'aimer quelqu'un qui soit trop différent de nous.
Alors que pour le sociologue, l'amour, enfin le grand amour c'est exactement le
contraire puisqu'il consiste à accepter le bouleversement que va supposer
l'intrusion et l'influence de l'autre, avec toutes ces différences, dans notre
petite vie.

La recherche du grand amour reste un idéal fort

C'est la thèse que soutient Ariane Charton, spécialiste en
littérature romantique, qui estime que le romantisme est loin d'être mort, et
que ce sont les outils, de la recherche comme de la parade amoureuse, qui ont
évolué. Elle rappelle que la promesse des sites de rencontres, leur slogan en
tout cas, c'est de nous permettre de trouver le grand amour.

Evidemment on n'envoie plus des billets doux mais des textos
ou des sextos, on n'attend plus le retour du chevalier servant parti à la
guerre, mais on va fantasmer, pendant des semaines, sur un inconnu avec qui on
tchaté sur le web et on va passer un temps fou à imaginer notre première
rencontre avec cet inconnu.

Elle rappelle aussi que les amours virtuels ont remis au goût
du jour les correspondances amoureuses, avec ces gens qui commencent désormais
des relations en s'envoyant des messages via les sites de rencontres. Il y a
donc un vrai retour de l'écrit, de l'échange épistolaire, qui est on ne peut
plus romantique.

Ariane Charton va plus loin, en soutenant que même l'essor
des divorces peut être considéré comme quelque chose de romantique puisqu'avant
on ne divorçait pas, même quand on était malheureux dans son couple, et qu'à
l'inverse, les gens qui se séparent sont des gens qui affirment clairement leur
volonté de ne pas se contenter d'un mariage de façade ou d'un amour au rabais
et qui sont prêts à sacrifier leur petit confort au nom d'un absolu, en s'offrant
la possibilité de retomber pleinement amoureux.

Le romantisme à encore la cote

A 85% les lecteurs de Marie Claire estiment que le
romantisme n'est pas du tout has been et qu'il a de très beaux jours devant
lui. Ces lecteurs ont parfaitement conscience des évolutions de notre société, une
société qu'ils savent de plus en pragmatique et individualiste, mais ils
semblent continuer à croire au grand amour.

Même Jean Claude Kaufmann, dont
l'analyse pouvait paraître très pessimiste, est persuadé que le consumérisme
sentimental a ses limites parce qu'il ne rend pas heureux sur le long terme. Le
sociologue est donc persuadé qu'on finira par revenir à une réelle
glorification du romantisme, parce qu'on a tous besoin d'irrationalité, de
dépassement. Et de pouvoir continuer à rêver au grand amour.    

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