AI Pin : le méga flop du badge signé Humane, digne de Star Trek

C’est l’un des échecs les plus cuisants et les plus rapides qu’ait connu le monde de la Tech : l’AI Pin, cette broche digne de Star Trek, munie d’un mini-projecteur laser et connectée à chatGPT ne remplacera pas nos smartphones. C’est pourtant ce qu’espéraient ses deux créateurs, deux anciens d’Apple.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'AI Pin, petit ordinateur fixé à un vêtement, souffre de défauts : lenteur, erreurs, faible autonomie, tendance a chauffer et un prix équivalent à 800 € (+ une vingtaine d'euros de forfait mensuel). (HU.MA.NE)

Bethany Bongiorno et Imran Chaudhri ont signé pour le meilleur et pour le pire, dans la vie comme dans les affaires. D’un côté, Bethany, 8 ans chez Apple à travailler sur les systèmes du Mac et de l’iPhone, parti en 2016 ; de l’autre, Imran, 21 ans à Cupertino, principalement sur le design des interfaces homme machine. Fin 2018, ils créent Humane, leur start-up, et appliquent avec succès ce qu’ils ont appris chez Apple : le culte du secret, la recette d’un bon buzz.

Pendant près de 5 ans, ils vont faire miroiter la promesse d’un appareil qui va changer la vie. Et attirent un quart de milliard de dollars d’investissement – 241 millions de dollars, histoire d’être précis – en vendant… du vent, sans le moindre client. En août dernier, Humane était valorisée 850 millions de dollars, toujours sans le moindre chiffre d’affaires. 

Sourires de façade au Mobile World Congress

Fin février, nous avions rencontré l’équipe de Humane sur le stand Qualcomm au Mobile World Congress 2024, le salon mondial de la mobilité, à Barcelone. Les sourires de façade masquaient difficilement l’inquiétude à l’approche de l’envoi des tout premiers exemplaires de l’AI Pin aux principaux journalistes et influenceurs américains, pour test.

Effectivement, à partir de début avril, les premiers retours s’avèrent catastrophiques et le buzz change de polarité. Je n’ai pas souvenir d’une telle unanimité dans la critique objective, à l’exemple de Marques Brownlee, le YouTuber américain de référence – 19 millions d’abonnés – : "C’est le pire nouveau produit que j’ai testé. Il est mauvais sur tellement d’aspects que j’ai même du mal à me souvenir quel était l’objectif du produit. Personne ou presque ne devrait l’acheter. En tout cas, tel qu’il est aujourd’hui." Même son de cloche chez David Pierce pour The Verge : "C’était trop beau pour être vrai. Cette chose ne va pas remplacer votre smartphone. Ni maintenant, ni sans doute jamais."

Refroidi sur de la glace pour le montrer aux investisseurs

Jugement cruel, certes, d’autant que l’AI Pin incarne probablement une certaine vision du futur mais malgré 6 années de recherche et développement, il n’était pas prêt pour devenir un produit commercial. Ses créateurs ont tenu à le lancer quand même. Pourtant, selon le New York Times, Bethany Bongiorno et Imran Chaudhri connaissaient ses défauts, sa lenteur à répondre aux questions, son taux d’erreur, son autonomie très faible et sa montée en température puisqu’ils le refroidissaient sur des packs de glace avant de le présenter à des investisseurs.

En réalité, on a rarement vu une entreprise aller aussi mal, 2 mois seulement après la sortie de son premier et unique produit. Il faut dire que le message d’alerte demandant de ne plus utiliser les étuis de recharge à cause d’un risque d’incendie a fini de plomber les ventes. Résultat : Humane, la société elle-même, serait désormais à vendre, essentiellement pour ses brevets. Les négociations auraient commencé une semaine après la publication des premiers tests. Bethany Bongiorno et Imran Chaudhri en voudraient au moins 750 millions de dollars. L’une des rumeurs, à prendre avec des pincettes, porte sur des discussions avec HP à plus d’un milliard de dollars.

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