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La plainte anti-Apple fait le jeu d'Amazon

Certains éditeurs acceptent de se plier aux injonctions de la justice américaine et de baisser les prix de leurs livres en version numérique. Mais qui se cache donc derrière cette "class action" ?
Article rédigé par Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Qui aurait dit que l'avènement du livre numérique déclencherait un tel pataquès ? L'action judiciaire entamée aux Etats-Unis contre Apple et plusieurs éditeurs cache en réalité une bataille complexe liée à la révolution digitale qui touche le monde de l'édition. 

D'un côté, Apple et cinq éditeurs internationaux engagés depuis la sortie de l'iPad en 2010 sur ce nouveau marché. De l'autre, le Département américain de la Justice qui reproche deux choses : d'abord, une supposée entente entre Apple et ces éditeurs sur le prix de vente au détail du livre dématérialisé et, surtout, une hausse du prix des ouvrages en version numérique. (qui coincidence étrangement avec le lancement de l’iPad)

En arrière plan se cache aussi un troisième protagoniste : Amazon, pionnier du livre électronique avec sa tablette Kindle et sa politique de prix bas. Jusqu'à présent, Amazon dictait sa règle. Bien qu'il n'y ait pas de prix unique du livre aux Etats-Unis comme cela existe en France, la firme de Jeff Bezos s'est mise à proposer les ouvrages neufs au tarif très attractif de 9.99 dollars. Une pratique évidemment appréciée par les consommateurs mais fortement décriée par les éditeurs et les auteurs du monde entier qui ne se sont pas privés ces dernières années de traiter le vendeur en ligne de fossoyeur du livre.

Là-dessus, en 2010, arrive donc l'iPad d'Apple. Steve Jobs passe des accords avec les éditeurs leur permettant de fixer le prix qu'ils veulent pour leurs livres, imposé à tous les autres revendeurs, avec une augmentation moyenne de 30% - la dîme habituelle d’Apple. Le prix du livre remonte. Le consommateur tord le nez mais le monde de l'édition reprend confiance. Amazon doit s'aligner. 

Aujourd'hui, patatras, la plainte du DOJ américain vient tout bousculer. Apple comme les éditeurs affirment ne pas comprendre ce qu'on leur reproche. Cela dit, cela a marché car trois des quatre éditeurs mis en cause - Hachette Book Group (*), HarperCollins et Simon & Schuster - viennent d'accepter de revoir leurs prix à la baisse. 

Alors, question : est-ce Amazon qui se cache derrière cette action en justice ? Le cabinet d'avocats qui mène la class action s'en défend. On ne peut cependant que constater, comme le dit Nicolas Gary du site spécialisé ActuaLitte.com, qu'Amazon sera le seul et unique bénéficiaire d’un retour à une politique tarifaire libérée de toute contrainte. 

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