Cet article date de plus de douze ans.

Megaupload décapité par la justice américaine

Les Etats-unis ont fait fermer le célèbre site de téléchargement Megaupload. L'affaire fait l'effet d'une bombe sur Internet.
Article rédigé par Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (©)

C'est un coup de tonnerre qui a déchiré le ciel d'Internet
hier soir. Sans crier gare, la justice américaine a fait fermer les sites de la
galaxie Megaupload, basée à Hong Kong, et arrêté son dirigeant ainsi que deux
de ses associés qui se trouvaient en Nouvelle Zélande.

"Mega conspiracy"  

Au total, sept personnes sont inculpées. Elles risqueraient cinq
à vingt ans de prison. Megaupload est accusé d'avoir empoché plus de 175
millions de dollars en permettant le téléchargement illégal de musique et de
films et causé plus de 500 millions de dollars de manque à gagner pour les ayant-droits. L'affaire est intitulée par le FBI : "Mega conspiracy".

180 millions d'inscrits

Megaupload était une institution. 13ème site mondial, 9ème
plateforme de téléchargement vidéo en France selon le dernier pointage
Médiamétrie, 180 millions d’utilisateurs dont une bonne part qui n'hésitaient
pas à payer un abonnement pour bénéficier d'un service amélioré.

Megaupload et son petit frère Megavideo, sites de
téléchargement direct et de streaming, ont connu un pic de popularité en France
depuis la loi Hadopi qui ne lutte que contre le peer-to-peer.

En quête de respectabilité

Megaupload s'est toujours présenté comme une entreprise
légale qui supprimait gentiment les vidéos illicites postées par les
internautes lorsque les ayants droits le lui demandait.  Elle s'était récemment offert un clip
promotionnel avec des stars américaines de la chanson. La personnalité du
fondateur, l'allemand Kim Schmitz allias Kim Dotcom, hacker et homme d'affaire
flambeur, déjà condamné pour délit d'initié, pouvait cependant laisser songeur.

Cette action contre Megaupload intervient sur fond de
protestation aux Etats-Unis contre le projet de loi anti-piratage SOPA même si
cela n'aurait officiellement rien à voir. 

Actions de représailles

Cette intervention judiciaire qui peut sembler légitime au
premier abord n'est cependant pas du gout de tout le monde. Innombrables réactions
depuis hier sur les réseaux sociaux. Indignation contre un acte qualifié de
censure. Plusieurs sites, dont celui du FBI et même celui de l'Hadopi en France,
ont fait l'objet d'attaques revendiquées au nom des Anonymous.

Ce qui surprend, c'est la brutalité et la soudaineté de
l'intervention. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la justice américaine ne fait pas dans la dentelle. Alors qu'en France on continue de s'interroger sur la légitimé de notre bonne loi Hadopi, l'oncle Sam tape du poing sur la table sans crier gare et siffle la fin de la récré. Comment et sur quelle base juridique le FBI a-t-il pu liquider
en quelques heures une société éclatée sur plusieurs continents avec des serveurs
dans le monde entier ?

Reste à savoir si les internautes ne vont pas immédiatement
se rabattre sur d'autres plateformes de téléchargement similaires à Mégaupload.

Acte d'accusation : http://www.scribd.com/doc/78786408/Mega-Indictment

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