Nouveau monde. "Les ministères français ignorent que leurs données sont hébergées sur des serveurs américains" selon OVH
Le leader français du cloud met en garde contre le stockage sur des serveurs étrangers.
La "licorne" * française OVH, récemment rebaptisée OVHcloud, fête ses 20 ans. Son CEO (directeur général) estime que l’entreprise a les moyens de rivaliser avec les géants du marché et met en garde contre le stockage de données publiques sur des serveurs étrangers.
franceinfo : OVHCloud peut-il rivaliser avec les géants américains et chinois comme Amazon, Microsoft, Google ou Alibaba ?
Michel Paulin, CEO d’OVHCloud : oui, car nous avons de bons produits et nous sommes l’exemple que la technologie européenne et française peut rivaliser avec ces acteurs mondiaux. Octave Klaba, le fondateur d’OVH, a été extrêmement visionnaire. Nous proposons un cloud très différent, notamment parce qu’il est "ouvert "et basé sur du logiciel libre.
Depuis la loi américaine Cloud Act de mars 2018, la justice américaine a le droit de "fouiller" dans les serveurs de toute entreprise américaine, y compris si celle-ci est installée à l’étranger… Pourquoi estimez-vous que cela présente un risque ?
Le débat qui est en train d’émerger en France mais également au Danemark, en Australie ou encore au Canada, sur la protection des données, montre que c’est un enjeu très important. La manipulation de données que l’on a pu observer, avec l’affaire Cambridge Analytica, touche aujourd’hui jusqu’au fonctionnement des démocraties.
Dans ce cas, pourquoi des ministères français confient-ils leurs données à Amazon ? Pourquoi le moteur de recherche français Qwant a-t-il passé un partenariat avec Microsoft plutôt qu’avec vous ?
En ce qui concerne Qwant, c’est simplement parce que nous ne proposons pas, contrairement à Microsoft, de mécanismes d’indexation du Web dont ils ont besoin. Pour les ministères, je suis sûr que, bien souvent, ceux-ci ne savent pas que leur cloud est hébergé sur des serveurs américains. En effet, ils font appel à des intégrateurs de systèmes, français certes, mais qui utilisent des hébergeurs étrangers. J’ai rencontré un député, élu local, qui était certain que ses données étaient stockées sur un cloud européen alors que ce n’était pas le cas.
Le cloud est critiqué pour son poids environnemental… Peut-il être écologique ?
Cela pourrait vous surprendre mais je pense que le cloud est plus écologique que de laisser simplement vos données dans des smartphones et des ordinateurs. Pour le même volume de données, les datas centers sont plus efficaces et moins polluants. Par ailleurs, OVH, depuis 15 ans, utilise des technologies beaucoup plus écologiques que ses concurrents, notamment grâce à un refroidissement par eau qui nous est propre ou encore grâce à nos serveurs et que nous fabriquons et recyclons nous-mêmes, dans notre usine de Croix dans les Hauts-de-France.
* Licorne : startup valorisée à plus d’un milliard de dollars
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