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Polars d'été. "Les Écœurés", de Gérard Delteil

Tout l'été, Gilbert Chevalier revient sur les meilleurs romans noirs, policiers et thrillers de l'année. Aujourd'hui, "Les Écœurés" de Gérard Delteil, publié au Seuil.

Article rédigé par franceinfo, Gilbert Chevalier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Couverture de "Les Écœurés", de Gérard Delteil (Seuil). (ÉDITIONS DU SEUIL)

Les Écœurés est le premier polar mettant en scène des "Gilets jaunes". Gérard Delteil nous emmène dans les pas d'un jeune officier stagiaire de la police nationale qui arrive dans une petite ville de Bretagne. Son supérieur lui donne alors une mission : infiltrer les manifestants "Gilets jaunes" qui se sont installés sur un rond-point, à la sortie de la ville.

Un rôle d’espion auquel il n’est pas préparé et encore moins formé. Et forcément la mort d'une manifestante sur le barrage va bousculer sa mission. Avec cette trame en vieux briscard du polar, Gérard Delteil nous offre une immersion passionnante au sein du mouvement des "Gilets jaunes".

Un roman entre reportage et fiction

"J'y ai participé moi-même. Quand on a vécu quelque chose d'assez intense, on éprouve le besoin d'en parler, c'est la définition de l'écrivain, confie Gérard Delteil. C'est la démarche inverse du roman historique que j'avais fait avant et qui m'avait demandé un an de recherche ('La Conjuration florentine', ndlr). Là, tout était prêt, j'avais tout dans la tête, donc ça va plus vite."

Les Écœurés se lit quasiment comme un reportage. La démonstration, une nouvelle fois, que beaucoup d'auteurs de polars ont un talent particulier pour capter les difficultés du monde.

J'ai essayé de peindre les "Gilets jaunes" tels que je les ai vus, c'est-à-dire avec les éléments positifs et certains éléments négatifs.

Gérard Delteil

à franceinfo

"J'ai voulu montrer les différents aspects, je n'ai pas voulu faire un roman manichéen. Il ne faut pas nier qu'il y a des fake news délirantes qui circulent, il y a des allumés, raconte l'auteur. Comme tout mouvement social puissant, ça attire des gens bizarres quelque fois, ça attire toute sorte de gens. Mon rêve, ce serait que ce soit un document dans l'avenir sur ce mouvement."

Un stagiaire policier en empathie avec les "Gilets jaunes"

Avec Les Écœurés, Gérard Delteil manie parfaitement info et fiction. Avec ce personnage principal de jeune flic candide mais loin d'être naïf, sorte de "Monsieur Loyal" qui permet à l'auteur de développer son roman.

"Il fait un peu office de témoin, c'est un jeune stagiaire de police. Il va découvrir tout un univers dont il ignorait tout. Et c'est un peu le syndrome de Stockholm, il va avoir de la sympathie pour ces hommes et ces femmes qui sont révoltés contre leur condition de vie."

Dans Les Écœurés, Gérard Delteil ne nous livre pas une grande enquête policière, ni même un suspense haletant. Mais son roman reste passionnant pour la galerie de portraits de "Gilets jaunes" imaginaires ou pas qu'il nous offre. Roman passionnant également pour la description faite d'une petite ville en crise avec d'abord ses laissés-pour-compte mais aussi ses corps constitués, ses notables et leurs turpitudes.

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