Profession : reporter. Couvrir la gestion politique de la crise sanitaire
Les conférences de presse de l’exécutif sont devenues un rituel le jeudi. Et les services politiques des rédactions les suivent avec attention. Décryptage pour la radio, à franceinfo, avec Jean-Jérôme Bertolus qui dirige le service politique.
Chaque jeudi, c'est devenu un rituel, l'exécutif donne une conférence de presse. Les services politiques des rédactions les suivent avec attention. Jean-Jérôme Bertolus, chef du service politique de la radio franceinfo, est l'invité de Profession : reporter.
L’actualité politique n’a jamais été aussi calquée sur nos vies pratiques et quotidiennes
Même si en coulisses, les journalistes questionnent au quotidien les équipes ministérielles en première ligne. Comment gérer les annonces, les confusions, les contradictions ? Quelles infos donner ou ne pas donner ? Une réforme qui passe mal, une crise, des mouvements de société, des flambées de violence…
Les gouvernements en place ont tous à gérer des passages difficiles, mais le temps joue toujours son œuvre. Et une séquence chasse l’autre. Ce qui est inédit avec la pandémie, c’est qu’elle s’est installée dans la durée. Depuis plus d’un an, on ne parle quasiment plus que du Covid-19, même si en parler et en entendre parler nous lasse, on ne peut pas faire autrement, puisque notre vie est directement corrélée à l’actualité de la pandémie.
Pour les services politiques, il s’agit donc d’une grande nouveauté
Il n’y a qu’un fait dominant depuis un an, la gestion de la crise sanitaire. Et le pays reste suspendu aux annonces du jeudi qui fixe des règles en relation directe avec nos organisations personnelles, familiales, intimes. Comment travaillent les journalistes dans ce périmètre fait d’incertitudes et de contradictions ?
À franceinfo, la radio, Jean-Jérôme Bertolus dirige le service politique. L’équipe est évidemment mobilisée à chaque prise de parole. Pour les annonces du jeudi, la première interrogation est de savoir qui va parler. C’est un baromètre. Si c’est Olivier Véran, ministre de la Santé et Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, on peut raisonnablement penser qu’il s’agira d’information en relation avec la situation sanitaire ou d'élargissement des mesures existantes à un périmètre plus grand.
Si c’est le Premier ministre, on peut s’attendre à l’énoncé de nouvelles restrictions avec les motivations qui vont avec. Si c’est le président de la République - et aux dires des chefs de service politique, ce sera le cas, courant avril - on peut envisager qu’il intervienne pour fixer les différents paliers de la sortie de crise. En fonction du casting de l’exécutif, il y a donc un cadre naturel qui se pose. Ensuite, se pose la question du contenu de l’intervention.
La priorité dans la mission d’informer, durant cette crise, est de se détourner des querelles
Pour Jean-Jérome Bertolus, dans le contexte qui est le nôtre, l’emploi du conditionnel est impossible. Et quand les ministres, dans la confusion des attestations, peuvent se contredire, ou régler des comptes en off, quand l’opposition en profite pour dénoncer les confusions ou l’absence de bon sens, la priorité dans la mission d’informer est de se détourner de ses querelles pour comprendre exactement ce qu’il est possible de faire ou de ne pas faire pour les Français.
Vérifier si des décrets sont signés, le mode opératoire des procédures, où se faire vacciner, qui est éligible. Car il est évident que le besoin premier du citoyen est une information pratique, fiable et précise, et non pas un bruit de querelles politiques amplifié par une caisse de résonance médiatique.
Le virus devient un fait politique
En cela, le travail du journaliste politique change. Le voilà embarqué dans une information pratico-pratique, mais qui relève des élus. Mais les jours qui passent nous rapprochent de 2022, et la pandémie se connecte petit à petit à une campagne électorale. Celle de la présidentielle. Auparavant, nous aurons les régionales et les départementales, et ces scrutins locaux verront leurs thématiques contaminées par le virus. Et le virus, au-delà des annonces et des décisions prises pour nous en protéger, devient évidemment un fait politique.
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