Derrière la querelle des rythmes, le temps de travail des instits...
Jusqu'à présent le gouvernement a réussi à
tenir à distance ce débat, dont on annonçait fin 2013 qu'il serait névralgique,
notamment lorsque Jean-François Copé, le patron de l'UMP, avait appelé au
boycott de la réforme.
Il vient d'ailleurs de remettre la pression en demandant
sa suspension en cas de défaite de la gauche aux municipales . On se souvient aussi
des polémiques de la rentrée dernière ; or elles ne concernaient que 17%
des communes et 1,3 millions d'enfants, qui ont appliqué la réforme dès 2013. Le
plus dur reste donc à faire puisqu'il faut traiter le cas de 83% des communes
et 5,8 millions d'enfants. Et rien ne dit que les digues érigées par le gouvernement
vont tenir encore cinq semaines.
Première digue : ce rapport du
comité de suivi de la réforme.
Oui.
Réalisé sous la houlette de Françoise Moulin-Civil, la rectrice de l'académie
de Lyon, il évoque " la satisfaction et le
large accord sur l'intérêt de la réforme " dans les communes qui l'ont
appliquée, et le climat "constructif" qui aurait prévalu à cette
occasion. On est là dans la droite ligne de ce que l'Education nationale
expliquait en janvier : selon le ministère, 88 % des 20.000
communes concernées ont finalisé leurs emplois du temps. L'affaire " est réglée ou en voie de règlement " ,
affirme-t-il, excepté dans 5 à 6 % des communes où " il y a encore des difficultés " notamment
liées au transport.
Certains parents d'élèves vont dans le
même sens.
Oui,
comme ceux de la FCPE, proche du parti socialiste. " On est passé à la phase de construction et de
préparation de la rentrée 2014, qui, je pense, se prépare avec une certaine
sérénité " a ainsi affirmé Paul Raoult, le président de la fédération
de parents. Toujours côté FCPE mais cette fois en Seine et Marne, on estime que
les balbutiements initiaux ont été résolus. La fatigue des enfants ne serait pas
pire dans les écoles qui sont passées à quatre jours et demi que dans les
autres ; le mercredi matin serait devenu en temps d'apprentissage " très
productif " - je cite ici un article du Café Pédagogique, qui poursuit en indiquant
que " l'implication spontanée du tissu
associatif, motivée par un gain de rémunération et de visibilité, a apporté un
soutien précieux " à la mise en œuvre de la réforme.
Bilan radicalement opposé du côté du
syndicat enseignant majoritaire dans le primaire...
C'est
le moins qu'on puisse dire. Selon le SNUipp FSU, qui a réalisé une enquête auprès
de milliers d'enseignants, la réforme est catastrophique. Les trois quarts d'entre
eux jugent que leurs conditions de travail se sont dégradées, les deux tiers
dénoncent une absence de réflexion spécifique concernant le cas des écoles
maternelles, la moitié dit ne pas avoir été interrogée à propos de l'articulation
entre temps scolaire et périscolaire. A l'arrivée, ils sont à peine un sur cinq
à défendre la réforme et à estimer qu'elle a permis d'améliorer les
apprentissages. Commentaire du syndicat : "Même s'il y a des réussites, un sentiment de gâchis prédomine".
Il nourrit
évidemment les craintes de ceux qui s'apprêtent à franchir le pas des quatre
jours et demi...
Oui. D'où ces débuts de mobilisation, comme à
Strasbourg voici deux semaines, où une centaine de professeurs ont manifesté
devant la mairie. Au premier rang des revendications, on retrouve la demande de
plus de concertation. " Nous enseignants n'avons pas été entendus "
affirme le SNUIpp local. Il faut dire que ces derniers réclamaient que le samedi
matin soit travaillé, alors que la préférence des parents va au mercredi...
Au final, l'essentiel
de la contestation vient des enseignants en général et de leur syndicat majoritaire
en particulier.
Oui,
et c'est d'ailleurs peut-être la raison pour laquelle cette contestation ne s'impose
pas dans le débat politique des Municipales. D'autant qu'il faut la relier à d'autres
revendications, autour des conditions de travail. Le SNUIpp FSU réclame ainsi
une diminution du temps d'enseignement. Il est actuellement de 24 heures
hebdomadaires dans le primaire, le syndicat voudrait qu'il passe à terme à 18
heures, + 3 heures dédiées au travail en équipe ou aux projets. En d'autres termes
un alignement sur les professeurs du secondaire. "C'est une question de
considération" explique Sébastien Sihr, le secrétaire général du
syndicat. On a déjà parlé de ce sentiment de manque de reconnaissance des
enseignants de primaire ; il avait notamment porté l'éphémère révolte des "dindons".
Il se cristallise aujourd'hui sur la question des rythmes scolaires. Mais quand
bien même celle-ci ne se poserait pas, il ne fait aucun doute qu'elle s'exprimerait
sur d'autres terrains.
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