Cet article date de plus d'onze ans.

Le lycée professionnel, un choix gagnant

L'actualité est marquée aujourd'hui par la Journée du refus de l'échec scolaire, dont France Info est partenaire. Elle est consacrée cette année au lycée professionnel. On a vu ce mercredi matin qu'il était devenu une voie désirable. Alors on passe aux travaux pratiques : quelles sont les questions à se poser avant de choisir cette voie...
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (©)

La première : pas besoin de la souffler aux jeunes qui souvent sont
en décalage avec le côté scolaire du collège c'est : est-ce que vous avez
envie d'apprendre autrement et notamment d'apprendre sur le terrain.

C'est très différent du collège, et du
lycée général...

Oui. On retrouve des matières générales comme les maths, le français et
l'anglais. Mais à la différence de la classe de troisième, les disciplines
techniques et pratiques en atelier occupent une grande place dans votre emploi
du temps. L'autre grand changement concerne vos premiers pas dans le monde de
l'entreprise. Selon les spécialités, vous devrez suivre de 12 à 16 semaines de
stages en CAP réparties sur les 2 années, et
entre 16 à 18 semaines en bac pro sur 3 ans...

On sort des murs, on apprend autrement...

Oui. Et  pas seulement hors des
murs d'ailleurs. Mais entre les murs, on apprend autrement. Pédagogie qui tente
de mettre en situation réelle. Là où il ne faut pas se tromper notamment quand
on n'aime pas le collège ou quand on a des enfants qui n'aiment pas collège
c'est sur les raisons de ce désamour. S'il est lié à un problème de rapport à
l'autorité, ça ne va pas s'arranger : l'autorité du patron est parfois
plus rugueuse que celle de l'enseignant, en tout cas elle ne se discute pas, ne
se conteste pas. Surtout dans certaines spécialités. Je cite Flavien interrogé
par letudiant.fr, il est en bac pro restauration : "Le rythme en
entreprise est presque militaire, mais j'aime ça. En plus, il y a une vraie
solidarité dans l'équipe. On s'entraide, on gère les soucis de chacun.
Surtout, on apprend la réalité de l'entreprise. On se rend compte qu'elle est
loin des jeux télévisés culinaires
"

Précision utile car il y a beaucoup de
demandes dans ce secteur depuis que la cuisine triomphe à la télé

Oui. Il y a des effets de mode. La cuisine en profite à plein en ce
moment.

Bac professionnel. On apprend un
métier. On trouve un emploi au bout de trois ans ?

Ça dépend des filières mais en moyenne oui.

Parfois plus facilement même que des jeunes plus diplômés. Quand vous
choisissez un bac pro rare, il peut même être plus facile de trouver un emploi
directement après.

On peut aussi travailler pendant ses
études

un tiers des élèves de voie professionnelle préparent leur bac pro en
apprentissage, ils sont rémunérés.
Pour la première année, le salaire
minimum est de 65 % du SMIC. Il passe à 80 % en deuxième année de bac pro et à
85 % en terminale professionnelle. Attention c'est une voie difficile. On
travaille plus. Et il faut bien saisir les différences d'attente entre le monde
du travail et le lycée.

Côté lycée justement : le cadre d'études est
généralement bon.

Oui. Les
effectifs sont moins importants. Et surtout les lycées professionnels font
partie des grands gagnants des lois de décentralisation de 1984 : la
plupart des régions ont vraiment investi dans ces lycées, qui étaient parfois
laisés à l'abandon par l'Etat. C'est important à préciser parce que les parents
ont parfois une image faussée : ça a vraiment changé par rapport à
l'époque où ils étaient eux-mêmes lycéens

Epoque où le bac pro n'existait pas.

Oui.
Petit dernier. Créé en 1985.

Et c'est un bac, donc cela signifie qu'on peut faire
des études supérieures.

Oui.
Prioritairement en BTS. Eventuellement en IUT mais les bacs pros y réussissent
moins bien que les bacs techno. La fac, il vaut mieux éviter : le taux de
réussite est minime. C'est vraiment un choix à faire uniquement si on est arrivé en bac pro par défaut, avec un très bon niveau dans les matières
générales. Sinon on risque la noyade.

Garçons, filles : certaines filières sont très
"sexuées"

Oui. Schématiquement les garçons dans
l'industrie, les filles dans le social. En commerce c'est assez équilibré. Ça
peut faire partie des choses qui déstabilisent. Mais normalement
l'établissement prend en charge tout cela et essaie de faire en sorte que les
minoritaires ne se sentent pas trop déphasés.

Le lycée professionnel n'est pas la seule voir pour apprendre un métier,
il y a aussi les CFA ? les Centres de formation d'apprentis. Il y a de
grosses différences ?

Le lycée ressemble plus à un lycée, le CFA
tend plus du côté de l'entreprise – en outre, en CFA, on a affaire à un seul
employeur alors qu'on fera des stages dans plusieurs entreprises au lycée. Donc
si on est sûr à 100% de son métier et qu'on a une énorme envie de travailler,
le CFA. Si on veut encore se laisser un petit temps de réflexion et garder un
lien plus ténu avec le côté scolaire des études, le lycée pro.

Le sondage de l'Afev, réalisé pour cette journée du refus de l'échec
scolaire, montre que la majorité des élèves sont heureux de leur choix. Bonne
nouvelle ?

Nouvelle ambiguë. Bonne nouvelle évidemment.
Mais il faut aussi faire la part des choses et souligner qu'il entre aussi dans
cette appréciation le soulagement d'en avoir fini avec la forme scolaire du
collège. Si le collège se réformait un jour, il serait bien inspiré de regarder
du côté du lycée pro tout le travail qui est accompli pour aider les élèves à
reprendre confiance en eux,  pour les
valoriser sur des compétences autres que les strictes compétences scolaires. Le
lycée pro a une image d'autant meilleure que le collège a une mauvaise image.

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