Polytechnique se marie avec l'université
Il y a, au premier regard, ce X
dont la typographie évoque le X manuscrit qui symbolise l'inconnue dans
une équation mathématique, ce X qui est aussi le surnom de l'école
Polytechnique. Les formes sont effilées, comme deux épées, et surplombées par
les armes de l'école, rappel de l'appartenance de Polytechique à
l'univers de la défense. Ce X est enfin précédé d'un "l" apostrophe, "l'X", qui est
censé marquer l'ouverture aux filles. Mais l'essentiel n'est pas là : ce X, qui
symbolise l'excellence à la française, est posé sur un socle où il est écrit :
université Paris-Saclay.
Et
c'est ça la révolution.
Oui. Petit rappel sur Saclay :
c'est là que l'on bâtit un nouveeau campus qui va regrouper au sein
de la même entité 2 universités, 11 grandes écoles et 7 organismes de
recherche. L'objectif est d'atteindre une masse critique visible au niveau
international ; pouvoir agréger les performances de toutes ces entités devrait d'entrée de jeu
assurer une très belle place à Paris-Saclay dans les classements internationaux
comme celui de Shanghai, qui s'appuie avant tout sur la recherche.
Des
classements dans lesquels la France paie cher ses singularités...
Oui. A commencer par le fait de
séparer formations d'élite – les grandes écoles - , éducation de masse –
l'université – et recherche – toute une partie est assurée par des organismes
exétrieurs à l'université et aux grandes écoles. La France paie cher cet émiettement car dans tous
les pays développés ces trois missions sont réunies au sein d'une seule entité
: l'université. En inscrivant son appartenance à l'institution universitaire,
Polytechnique choisit résolument de sortir du provincialisme français.
Un
provincialisme dont Polytechnique a souffert...
Oui. C'est une anecdote
aujourd'hui réchauffée car les choses ont bien changé mais il y a une vingtaine
d'années on racontait volontiers que Polytechnique, école d'élite, était
confondue en Angleterre avec les Polytechnics, qui sont un peu l'équivalent de
nos IUT ou en Allemagne avec les Polytechnicum. Mais au-delà le véritable
problème est bien celui du rapport à l'institution universitaire.
Problème
qui se posait il y a vingt ans... Rien n'a été tenté depuis ?
Si. Dès 1997, Claude Allègre,
alors ministre, commande un rapport à Jacques Attali sur l'avenir de
l'enseignement supérieur. La lettre de mission est explicite : il faut trouver
une manière de rapprocher universités et grandes écoles. Le rapport Attali,
assez habilement croit-on, évite de prendre le problème de front et invente ce
qui va devenir le LMD, c'est-à-dire la réorganisation des études supérieurs
autour de trois grades – licence, master, doctorat. Et la France impose au
niveau européen ce nouveau standard lors de deux conférences, à la Sorbonne et
à Bologne.
Mais
ça ne suffit pas.
Non. L'étape suivante vient avec
Valérie Pécresse qui tente de généraliser les regroupements d'universités et de
grandes écoles, une voie qui est suivie, avec quelques nuances, par Geneviève
Fioraso. On invite les universités à se regrouper pour gagner de la visibilité,
et à passer des accords avec les grandes écoles afin de multiplier les
passerelles d'une part au niveau de la recherche, d'autre part au profit des
étudiants. Pour autant, l'image de l'université, en France, reste moins
prestigieuse que celle des grandes écoles, qui rechignent à se placer sous la
coupole symbolique de l'université.
D'où
le caractère "révolutionnaire" du choix de Polytechnique.
Oui. On est vraiment dans le
cercle vertueux dont rêvaient à l'époque Claude Allègre et Jacques Attali :
prendre le meilleur de chaque système à la fois pour assurer le rayonnement
international de la France, et pour redorer le blason de l'université. Il faut
maintenant espérer que cette initiative fasse des émules et que d'autres
grandes écoles suivent l'exemple.
Et
si le mouvement ne prend pas ?
Si le mouvement ne prend pas la
France se diluera un peu plus au niveau international puisque dans tous les
pays développés l'université est le centre de gravité de l'enseignement
supérieur et de la recherche. Les conséquences à court terme seront minimes,
mais à moyen et long terme elles affecteront directement l'économie et la
croissance : les meilleurs chercheurs, au niveau mondial, sont attirés par les
meilleurs établissements, et les étudiants les plus prometteurs aussi avec des
parcours qui s'internationalisent de plus en plus et qui s'internationaliseront
de plus en plus avec l'explosion de l'enseignement à disatnce par internet qui
demain vous permettra de valider des cours suivis à Harvard ou Stanford et
probablerment, après-demain, vous permettront même de décrocher des diplômes ou
des morceaux de diplômes de ces universités. Enfin les grandes entreprises
cherchent prioritairement à travailler avec les meilleurs, donc en termes de
transfert de la recherche fondamentale vers la recherche appliquée, l'argent
risque d'aller ailleurs. Quand on parle d'économie de la connaissance cela peut
sembler abstrait, mais au bout vous avez de la croissance et des emplois.C'est tout l'enjeu qui ne niche derrière ce logo Polutechnique - université Paris Saclay.
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