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Si j'étais... Alain Juppé

Karl Zéro s'est imaginé dans la peau du maire de Bordeaux, ancien candidat de la primaire de la droite, Alain Juppé. 

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Alain Juppé à Bordeaux, le 16 février 2017. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Si j’étais Alain Juppé, vous seriez tous suspendu à me lèvres… puisque toute la France attend ce que je vais bien pouvoir dire lundi 6 mars à 10h30, mais voilà, j’ai choisi franceinfo pour vous livrer en la primeur.

J’ai passé un week-end exécrable. Vendredi, j’ai annulé annulé tous mes rendez-vous jusqu'à ce matin, y compris le match des Girondins contre l’OL de vendredi soir, c’est vous dire si l’heure est grave, parce que le foot c’est sacré… Constatant mon absence de la tribune présidentielle, mes chers Girondins dépités n’ont d’ailleurs arraché qu’un match nul. Auparavant, j’avais clairement annoncé la couleur au journal Le Parisien : "Je ne me défilerai pas. Cette situation ressemble à un suicide collectif…" J’en avais pris conscience en recevant auparavant un nombre incalculable d’appels au secours, appels téléphonique ou du pied, émanant de l’ensemble des élus Républicains, me sommant de faire don de ma personne à la France, afin de remplacer au pied-levé ce pauvre Fillon empêtré dans son lamentable scandale. Même Bayrou m’a appelé pour me dire : "Présente toi, j’ai fait une connerie en rejoignant Macron, tout le monde m’a déjà oublié et lui il me traite comme un petit vieux…"

Intellectuels de droite

A chacun, j’ai confirmé que j’étais prêt, mais que je mettais à cela des conditions non négociables. Chacun sait à quel point je peux être chiant. J’ai donc exigé qu’ils organisent, et fissa, une véritable lame de fond en ma faveur. Nous avons envisagé une pétition dans Le Figaro appelant au remplacement de Fillon par moi-même, signée par une centaine d’intellectuels de la droite et du centre, ou à défaut si nous n’en comptions pas autant, de peoples. Vérification faite, nos intellectuels, on les compte sur les doigts d’une main… Maurice Druon est mort, Denis Tillinac me déteste. Et même rayon people, Laurent Gerra a refusé.

Alors, on s’est rabattu sur des appels amicaux pour évoquer les investitures. Et là, carton plein : pas moins de 250 rats ont quittés le Titanic. Puis, on a appelé les maires de France, afin qu’ils m’offrent leurs parrainages de façon totalement spontanée, ce qu’ils ont parfaitement compris bien que je ne sois pas encore candidat.

Un sondage commandé par Le Figaro est alors littéralement tombé du ciel pour me créditer de 24,5% des voix au premier tour, me qualifiant pour le second, tandis que Fillon n’en obtiendrait que 17%, retournant moisir dans son château.
Fort de ce sondage, l’heure a sonné pour moi de mettre Sarkozy au pied du mur. Nicolas qui comme toujours avait tout prévu – sauf moi, bien entendu ! Il m’a dit que lundi à 18 heures, c’est à dire ce soir, ses hommes se chargeaient de faire entendre raison à Fillon. On gardera son programme mais c’est Baroin qui se présentera à sa place. Là, j’ai commencé à douter…

Bourgeoise sexy

Alors hier matin, j’ai voulu en avoir le cœur net, et j’ai pris le TGV Bordeaux-Paris de 10h53, déguisé en femme, pour aller assister à la manif pour tous pour Fillon. Etait-il capable de réunir plus d’une dizaine de personnes? J’avais loué une perruque poivre et sel qui, montée en chignon, était du plus bel effet, et endossé un loden cintré de type féminin. Des collants noirs et un kilt complétaient cet accoutrement qui me rendait parfaitement incognito. En aucun cas, il ne fallait que je fusse reconnu.

Arrivé sur place, j’ai constaté qu’il y avait effectivement beaucoup de monde. Je me suis dit "Pas possible, ce sont des hologrammes", et j’ai voulu toucher pour vérifier… Ma main a effleuré un serrurier de Gap, passablement imbibé lors de ses 9 heures de car pour venir soutenir Fillon, et qui m’a, après quelques banalités d’usage, littéralement dragué ! Allant même jusqu’à me proposer la botte dans un hôtel situé près du périphérique, les établissements du 16e lui paraissant trop cher pour assouvir son fantasme à mon encontre de bourgeoise sexy bordelaise ! J’ai repoussé, tant bien que mal, ses assauts pour m’approcher de la tribune. Là, stupeur: j’y ai reconnu aux côtés de Fillon, quelques uns des types qui m’avaient promis leur entier soutien si je me déclarais…

Bref, il est presque 8 heures, et dans deux heures et demi, je dois annoncer quelque chose mais franchement …je ne vois plus quoi.

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