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Si j'étais... Dalida

Karl Zéro s'est glissé dans la peau d'une Dalida qui aurait regardé le premier débat de la primaire de la gauche.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Dalida en concert à Berlin en 1983. (  / PICTURE ALLIANCE)

Si j’étais Dalida, vous le savez, mon cœur aurait toujours penché à gauche. François Mitterrand fut l’homme de ma vie, mon Gigi l’Amoroso, mon Mimi de Latché ! Que de merveilleux souvenirs... Le Panthéon, la Très Grande bibliothèque, la pyramide du Louvre, l’Opéra Bastille. La nuit, Mimi et moi, on se retrouvait pour de grands travaux ! Mimi… c’est toi dans le noir ? Mà ? Qu’est-ce que tu as à la main, Mimi ? Une rose rouge ? Ah ! viens, je vais me frotter à tes piquants. 

Si j’étais Dalida, ma ferveur socialiste ne se serait pas éteinte avec le passage de vie à trépas qui m’a arrachée à votre affection. Non, la rose ne s’est pas fanée ! Elle est même plus vivace que jamais, car au ciel aussi, hélas ! il y a des injustices. Ils ont mis mon Mimi l’Amoroso au purgatoire, et ça c’est un scandale. Je milite sans relâche pour qu’il soit réhabilité. J’attendrais, le jour et la nuit, j’attendrais toujours son retour… Comme vous qui, sur terre, rêvez de voir surgir un nouveau Mitterrand.

Follement excitée

Autant vous dire qu’hier soir, j’étais follement excitée, je l’attendais ce débat de la primaire de la Belle Alliance populaire. Avec un titre comme ça, je me disais : ça va être beau comme du Jean Ferrat, il y aura du souffle, de la fraternité. Ça sentira bon la France solidaire, celle des mineurs, des cheminots et des sans-dents qui ont souffert pour que leurs enfants aient une vie meilleure. J’ai été très désappointée. J’espérais un vrai débat, viril, musclé, tendu, une lutte gréco-romaine de jeunes corps socialistes enduits d’huile, comme lorsque Guy Mollet faisait une clé au sol à Pierre Mendès-France. Mais je t’en foutrais !

Ma déconvenue a été à la hauteur de mon impatience. J’ai vu quoi ? Une triste brochette de candidats, attifés comme pour aller à un mariage, debout en rang d’oignon. Tous convoqués par TF1 pour une sorte de "Maillon Faible", sauf que Laurence Boccolini avait fait un régime, et changé de sexe, elle se faisait appeler Gilles Bouleau.

Mesurés au point d’en être chiants

Du récité, du par cœur, des différences de programmes microscopiques. Quand je pense qu’il y en a qui sont morts pour le droit de grève, les congés pays, les 35 heures… Là, tu les sentais prêts à tout sauf à mourir pour leurs idées. Sauf peut-être Jean-Luc Bennhamias, lui au moins il était vivant, c’est notre nouveau Bourvil. On ne comprend rien à ce qu’il dit, mais il crève l’écran. Tu attends son tour pour te marrer, c’est si bon de rire.

Sylvia, fait un effort !

Question parité, il n’y avait qu’une femme, Sylvia Opinel ou un truc comme ça, bref, pas un premier couteau. Elle n’avait fait aucun effort point de vue toilette, ni coiffure, ni maquillage et ça pour une femme (et c’est moi, Dalida, qui vous le dit) c’est impardonnable.

Sylvia, si tu m'écoutes, fais un effort. Je te verrais bien en robe bustier, fourreau en lamé-paillettes. Ta chevelure c’est mort. Met de l’or dans tes cheveux, ou achète une perruque rousse, flamboyante… Fais comme moi, sois femme, Sylvia ! Joue la carte du charme, du mystère, après chacun de tes passages, il faut dans l’air comme une fragrance capiteuse d’élégance sexy.

Reprenez-vous, mes pauvres amis

Bref, votre show était affligeant, mes pauvres amis. Il faut vous ressaisir avant le prochain. Pourquoi avoir abandonné les envolées lyriques de la gauche éternelle à ce Jean-Luc Mélenchon, une espèce de trotskyste loufoque tendance Front Populaire ? Ou à l’autre, ce Emmanuel Macron, un playboy millionnaire, candidat du CAC40 et des illuminatis ? Avec lui, méfiance, ce sera la Belle Alliance des Banques populaires !

Allez les enfants, reprenez-vous, ce n’est pas grave… Allez je vous laisse… Mimi ? C’est toi dans le noir ?

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