Si j'étais... Fidel Castro
Les cendres de Fidel Castro quittent, La Havane pour Santiago, mercredi 30 novembre où elles seront mises en terre. Karl Zéro s'est imaginé dans la peau du Lider Maximo.
Si j’étais Fidel Castro, moi qui n’ai jamais prononcé de discours de moins de sept heures, je serais incapable de résumer les fulgurances anti-impérialistes de ma pensée en trois minutes. Mes ennemis ont dit de moi que j’avais "exercé le pouvoir en parlant beaucoup et en écoutant peu, parce que j’étais plus habitué à entendre l’écho de ma voix que celle des autres". C’est exactement ça ! Je menacerais donc de ne rendre l’antenne qu’à 14h55. Quelques amis décidés, des Companeros barbudos en treillis vert olive, auraient tôt fait de ceinturer votre jeune président Gallet, et son âme damnée le trotskyste Guimier ! Nous vous referions le coup de la prise de la Moncada ! Ah Fabiennita, le romantisme révolutionnaire, mon frère d’armes El Ché, la Baie des Cochons, tant de souvenirs ! Mais ça ne parle plus aux jeunes d’aujourd’hui, ça n’émeut plus guère qu’un Mélenchon - et encore, pas quand il est à jeun- et quelques lecteurs du Monde Diplo…
Si j’étais Fidel Castro, j’aurais donc survécu à six cent trente-sept tentatives d’assassinats pour mourrir calmement à 90 ans dans mon lit vendredi dernier, et je serais réduit en cendres depuis. Mon brave frère Raul m’a fait incinérer à toute vitesse samedi matin, selon mes dernières volontés, paraît-il. La télévision cubaine a bien diffusé une photo en noir et blanc de ma dépouille, statufié dans mon célèbre treillis sur mon lit de mort, mais si j’étais vous, je me méfierais. Peut-être qu’en réalité, je ne suis pas mort.Je dis ça, je rien, c’est juste un clin d’oeil à nos amis complotistes, mais à mon avis y’a comme un truc pas net, si ça se trouve je suis dans la zone 51 avec Elvis Presley et la créature de Roswell.
Et le Pape dans tout ça ?
Si j’étais Fidel Castro, je prendrais mon mal en patience, dans mon urne jusqu’à dimanche 4 décembre, pour enfin assister à ma propre cérémonie de funérailles. Ayant été élevé par les Jésuites, qui m’enseignèrent l’art de leur imparable réthorique, laquelle adaptée par mes soins au credo marxiste fonctionna encore mieux, j’aurais souhaité que ma cérémonie se déroule en la cathédrale de la Vierge Marie de l’Immaculée Conception, sur la place de la Havane. Le pape aurait pu venir, ça aurait eut de la gueule ! Mais Raul n’était pas chaud. Il m’a dit "Fidel ! No se puede ! Tu as créé une religion, combattu l’autre, tu vas pas te faire enterrer chez les curetons, ce serait un constat d’échec !" Je lui ai dit : "Mais Raul, abre tus ojos, stupido: pour un échec, c’est un échec ! Rien n’a été comme on voulait, ça fait 50 ans que le peuple crève de faim, et pour finir on a été obligé de se rabibocher avec les yankees…Dans deux ans, avec leurs charters et leurs dollars, notre île sera redevenue ce qu’elle était avant: un vaste bordel flottant !"
Si j’étais Fidel Castro, j’attendrais du beau monde pour dimanche, mais bientôt je comprendrais qu’ils ont tous mieux à faire. Poutine sera à la chasse au tigre, torse nu dans la Taïga, Merkel dans une fête à la saucisse de la CDU, Obama retenu au basketball, par un match éliminatoire pour les White Sox, quant à votre Hollande il m’envoie son ex-épouse Ségolène Royal, ministre de l’écologie, accompagnée d’un certain Jean-Pierre Bel - no conozco - ça doit être le président de la Vache-qui-Rit. C’est vous dire si ma disparition les touche. J’espère qu’au moins mon Gégé Depardieu fera le déplacement. Bref, je meurs, tout le monde s’en cogne, une petite déclaration vite fait, et oublié le Fidel. Hasta la victoria, et tchao. C’était bien la peine de faire face aux balles, d’affronter les ouragans d’égal à égal, et de survivre à dix présidents des Etats-Unis.
A dire vrai, le seul hommage qui m’ait touché est celui émanant de mon fils spirituel, Kim Jung Un. Voici le véritable communiqué de la Voix de la Corée, mon site internet préféré ! : "Il a souligné que bien qu'il ait quitté le monde, ses histoires nobles brilleront à jamais dans le coeur des peuples de nos pays et de l'humanité progressiste."
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