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Si j'étais... François Bayrou

Kalr Zéro s'est imagine dans la peau de François Bayrou, le président du MoDem qui s'est allié à Emmanuel Macron.

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
François Bayrou quitte les locaux du MoDem, à Paris, le 22 février 2017. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Si j’étais François Bayrou, il me serait arrivé une aventure cocasse qui n’a l’air de rien comme ça, mais qui aurait pu provoquer un tsunami politique… Déjà qu’on vit une campagne électorale de mabouls, avec des retournements de situation (et de vestes) digne de House of Cards, mais là croyez-moi ça, si je ne l’avais pas retrouvé, ça aurait été l’apocalypse selon Saint-Jean !

Je parle de mon téléphone mobile bien sûr, un bel iPhone 7 dernier cri, que j’ai bêtement oublié mardi soir dans un taxi. Il était 23 heures, je revenais chez moi tranquille dans le 7e arrondissement de Paris après une soirée un peu trop arrosée, organisée par Macron et ses amis pour fêter mon ralliement. C’était très original, ça avait lieu dans un club de musculation très sympa. C’était une soirée à thème, il fallait venir déguisé en Village People, une idée bizarre mais brillante, moi j’étais en pompiste, bref c’était très détendu.

"Et moi, je suis la reine d'Angleterre"

Arrivé chez moi, je voulais appeler Macron pour le remercier, et là, plus de portable ! Alors, fébrilement je compose le 17, police-secours, parce que mon mobile c’est ma vie, c’est mon cerveau, il y a tout dedans (et plus encore…), et je dis: "Bonsoir je suis François Bayrou, président du MoDem, futur Premier ministre de la France en marche. Je viens d’égarer mon portable dans un taxi, je vous demande de façon impérative de faire toutes affaires cessantes votre devoir de fonctionnaire assermenté c’est-à-dire de me le retrouver."

Le policier à l’autre bout du fil, que je sens incrédule, me fait : "C’est ça, et moi je suis la reine d’Angleterre !" Je proteste: "Non vous êtes policier, forcément, puisque j’ai fait le 17 !" Il me dit : "Qu’est ce qui me prouve que vous êtes vraiment M.Bayrou ?" Alors je lui raconte tout, mon ralliement inattendu à Macron, la soirée costumée qui a suivi, la perte du téléphone dans le taxi… Je ne me fâche pas, je reste calme, pondéré, mais rien à faire, il ne me croit pas, et il me raccroche au nez après m’avoir démasqué: "Sacré Jean-Yves Lafesse ! Alors comme ça, vous refaites des impostures téléphoniques? Eh ben… vous étiez meilleur autrefois !"

Public-privé

Si j’étais François Bayrou, je résume pour ceux qui se sont absentés, comme dans les séries après la coupure pub : on est mardi dernier, il est 23 heures, et j’ai perdu mon portable dans un taxi. Suspens… Dedans, il y a mes textos, mes mails, mes photos, mes vidéos, mes abonnements à des sites… Tout cela est bien évidemment hautement sensible, car ça touche à la vie publique, à la vie privée, au mélange des deux parfois, tant elles peuvent être intimement imbriquées, il y a des no-go zones, appelez ça la vie pu-vée ou pri-blique… S’y mêlent les dessous de la campagne, les dessous de ma compagne, des textos échangés avec Macron, avec Juppé, avec Fillon, autant de bombes sales et virtuelles qui, si elles tombaient entre de mauvaises mains pourraient faire les choux gras du Canard ou de Closer, voire donner des idées à quelques maîtres-chanteurs…

Je n’en dors pas de la nuit, et à la première heure je fais joindre la Préfecture de police de Paris. Là, changement de ton : "Oui M. Bayrou, on a bien retrouvé votre portable il était dans la sacoche d’un maire breton. Cet élu avait pris le taxi après vous et affirme que sans qu’il s’en rende compte votre portable a du glisser dans sa sacoche. Oui, nous l’avons en notre possession depuis hier soir minuit. Nous n’avons pas voulu vous déranger de nuit. Votre téléphone est d’abord passé par la DGSI, puis par la Chancellerie, puis par l’Elysée et un motard va vous le ramener immédiatement, en même temps que votre convocation au parquet financier, où M. le juge Serge Tournaire souhaiterait vous entendre."

Si j’étais François Bayrou... je ne perdrais plus mon portable.

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