Si j'étais... François Hollande
Karl Zéro se met dans la peau de François Hollande, président de la République.
Si j’étais François Hollande, je serais ravi ce matin. lI fait beau, je suis bien portant, j’ai de beaux cheveux noirs, gonflés et vaporeux -comme moi- et globalement je peux être content de moi. Je suis le Président d’une "France bienveillante et apaisante"... que je suis le seul à voir. Et à l’étranger, c’est moi qui le dit: "Je suis regardé comme le Président d’une belle France". Cette nuit justement j’étais dans l’avion, je rentre du Vietnam, et j’ai peaufiné le discours fleuve que je vais prononcer aujourd'hui devant la Fondation Jean-Jaurès. J’ai promis de m’y livrer, d’être enfin moi-même... J’ai testé quelques extraits de mon discours sur les passagers de l’avion qui ne trouvaient pas le sommeil, ça a été radical: tout l’avion a pioncé 12 heures.
Faut dire que dans tous les cas de figures, d’après les sondages, je suis éliminé dès le premier tour. Alors mes derniers amis, vrais ou faux, me disent "faut réagir, Président !", me poussent à annoncer ma candidature, dès cet après-midi. Valls veut que je donne un cap et Le Roux un signal. No way. Même pas en rêve.
Certes, 11% des français souhaitent de tout cœur me voir réélu en 2017. 11%, un chiffre formidable, quoiqu’en disent les pseudo-commentateurs : comment y a t il encore 11% de mes compatriotes pour me plébisciter ? J’ai pourtant tout fait, méthodiquement, pour atteindre le zéro % absolu, mais non, que voulez vous : ils m’aiment comme je suis... gonflé et vaporeux.
Parmi ces 11% de français, il y a de tout, c’est un véritable hymne au vivre-ensemble : il y a 63% d’expatriés, 29% de déficients mentaux lourds et les autres... sont morts. Ils se sont suicidés de honte en comprenant qu’ils avaient cochés la mauvaise case. Ces 11% forment mon dernier carré, mon socle de base en vue de ma reconquête et ma réélection future !
Si j’annonce ma candidature aujourd’hui, demain je suis à 2%, et Macron ramasse la mise. Ah, ma créature, mon petit Pinocchio... Il m’a trahi, il m’a fait le coup de Ségo en 2007, faut se méfier de ses proches... Et c’est lui, parait-il, qui incarnerait le mieux la gauche ! La marionnette des banquiers et du CAC 40 ! Soyons sérieux. Vous verrez que tôt ou tard, il reviendra à la soupe, comme Ségo.
Si j’étais François Hollande, qu’est ce que je ferais? La même chose que d’habitude. Rien. Depuis 4 ans, j’ai passé l’essentiel de mon temps à bavasser avec des journalistes. D’abord avec Mme Trierweiler, et puis avec plein d’autres à qui je raconte "tout et son contraire" comme dirait Philippe Vandel. D’ailleurs, je vais aussi faire un livre avec Philippe Vandel, qui s’appellera "les Pourquoi"... Pourquoi moi, pourquoi pas, pourquoi tant de haine, pourquoi pas une deuxième fois... On a déjà listé les chapitres, avec Philippe.
Bref, comme les journalistes ils adorent faire des livres sur moi, il en sort un environ toutes les demi-heures, et ça c’est bon pour l’emploi. Ça fait travailler des centaines de milliers d’ouvriers du livre... Grâce à toutes ces sorties, les rotatives tournent jour et nuit, je suis confiant : l’inversion de la courbe du chômage reste plus que jamais d’actualité. Je l’attendrais pour annoncer ma candidature.
Et à ma mort, la Très Grande Bibliothèque François Mitterrand sera rebaptisée L’Enorme Bibliothèque François Hollande, mais on n’y trouvera que des livres sur moi, ma vie dissolue, mon œuvre. Ce sera mon legs à la France reconnaissante. Des millions de volumes... Les Rougon-Macquart, où les œuvres complètes de Kim Jong-Il, ce sera rien à côté.
Heureusement que je ne suis pas François Hollande.
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